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N°II 2024 MuseoMag
heures séparait les demandes scénographiques in
house des questions soulevées par nos homologues
chinois.
Parallèlement à l’accrochage de notre collection,
nous avons dû régler les derniers détails. Des caisses
climatiques trop grandes pour le scanneur de
l’aéroport ont été sécurisées et scellées au dépôt
sous la surveillance d’un spécialiste accrédité car
il était impensable d’ouvrir les emballages d’objets
fragiles dans les courants d’air du centre de fret
pour une recherche d’explosifs. Trois camions se
sont mis sur la route vers l’aéroport. Les équipes
ont été scindées, les uns assurant le transfert et la
mise sur palettes de la collection au Luxembourg,
les autres s’envolant le même jour pour Zhengzhou
afin d’accueillir les œuvres sur place et d’assurer le
montage. Sans compter l’engouement grandissant
des médias, intéressés à couvrir le volet logistique
de cette exposition hors les murs, assuré grâce au
soutien de notre partenaire et sponsor officiel du
projet: Cargolux.
UN PONT, DEUX MESURES
Ce qui en termes de «quality check» est la norme au
Luxembourg ne l’est pas nécessairement en Chine.
Ici l’accompagnement des œuvres au centre
cargo, les palettes à surveiller pour l’empilage et
l’orientation des caisses ainsi que l’accès au tarmac
pour le chargement de l’avion ne sont pas monnaie
courante mais l’équipe de montage luxembourgeoise
a été exceptionnellement autorisée à surveiller le
déchargement de l’avion à l’aéroport de Zhengzhou
en pleine nuit.
Le lendemain, les caisses, libérées de leur
emmaillotage de sécurisation pour le vol, ont été
transférées au musée du Henan. Elles ont été mises
en dépôt en attendant que les derniers détails de
scénographie soient finalisés pour l’installation
des objets. Entre-temps, la douane a procédé à
des échantillonnages afin de vérifier, sur base
des listes d’emballage, que les objets importés
correspondent aux œuvres déclarées. Un grand
balai de caisses a alors débuté: ouvertures, sorties
de sous-conditionnements, déballage, vérifications
visuelles documentées par photos, ré-emballages et
fermetures de conteneurs. La traductrice a été vite
débordée par les demandes qui se multipliaient de
tous les côtés.
Arrivés au musée du Henan, nous avons pu
constater l’étendue de la surface dévolue à notre
exposition: plus de 1.600
m2,
soit presque la moitié de
notre site au Fëschmaart. Sur place, tous les objets
sont mis en valeurs dans des vitrines. Les équipes
sont formées par des binômes sino-luxembourgeois
afin d’avancer plus vite. La sécurité des artefacts
prime, comme pour toute exposition, même s’il y a
des délais à respecter. Mais le protocole n’est guère
le même dans l’empire du milieu, ce qui a conduit
à un véritable casse-tête chinois. Chaque décision
de changement par rapport au plan scénographique
doit être validée par différents degrés de l’hiérarchie
avant qu’une ribambelle d’artisans n’intervienne
pour les exécuter en un rien de temps.
Ce qui est certain, c’est que les scénographes
chinois n’ont pas lésiné sur les moyens: le patrimoine
luxembourgeois sera contextualisé par de larges
photos et des panneaux explicatifs illustrés. Une
médiation visuellle forte est capitale pour accueillir
les 8.000 visiteurs qui défileront à vivre allure à
travers les salles du Musée du Henan jusqu’au 3
août.
Muriel Prieur
HORS LES MURS