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N°I 2024 MuseoMag
Le papier est en effet un matériau qui réagit à son
environnement en absorbant ou en cédant de
l’humidité. Son pouvoir absorbant est influencé par
plusieurs facteurs: la nature hygroscopique de la
cellulose, la porosité de la structure du papier, le
degré de macération des fibres, la méthode de
formation de la feuille, l’épaisseur de la feuille, le
collage, la finition de la feuille et l’état de conser-
vation/détérioration du papier. Or, suivant l’origine
des fibres et la méthode de fabrication, le papier
peut se conserver longtemps ou se détériorer plus
facilement.
DÉTÉRIORATION CHIMIQUE…
Les sources de détérioration peuvent être internes
(dérivantes de la fabrication du papier) ou externes
(mauvaise manipulation et conservation, présence
d’insectes, etc.) au papier. Dans le cas des œuvres
de Berthe Brincour, il s’agit d’une série de dessins
sur papier en fibre de bois, qui se caractérise par
une certaine acidité, due à la présence de lignine
(une biomolécule chimiquement instable, respon-
sable du noircissement et de la fragilisation du pa-
pier) et d’autres additifs et composants métalliques
qui catalysent les réactions d’oxydation, respon-
sables de la dégradation des molécules de cellulose.
D’un point de vue chimique, le papier a noirci princi-
palement dans les zones les plus externes, qui sont
naturellement davantage au contact des polluants
atmosphériques et plus sensibles aux changements
environnementaux.
Certains dessins avaient probablement été en
contact avec d’autres matériaux acides (vieux
cartons et papiers utilisés pour l’emballage) ayant
déclenché des réactions chimiques à la source des
taches visibles au niveau des points de contact.
Même constat pour certains pigments qui, du fait de
leur vieillissement et de leur composition, ont pénétré
dans les fibres et provoqué la formation de taches
chimiques et de jaunissement sur le revers des
dessins.
…ET PHYSIQUE
S’agissant de la détérioration physique, le problème
majeur était sans doute lié au fort gondolement
ayant entamé des tensions superficielles dange-
reuses, empêchant ainsi de lire et de manipuler
correctement les œuvres. En raison également
d’une mauvaise manipulation et d’une conser-
vation inadéquate des dessins, les grands formats
ont été les plus affectés par la présence de RESTAURATION