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L‘exposition illustre également le rôle de Brandy dans l’histoire de l’art du Luxembourg comme un des pionniers de la
professionnalisation de l’artiste indépendant.
LE PIONNIER BIEN-AIMÉ (1/2)
GRANDE RÉTROSPECTIVE CONSACRÉE À L‘ARTISTE LUXEMBOURGEOIS
ROBERT BRANDY POUR SES CINQUANTE ANS DE CARRIÈRE
©
éric
chenal
Dans l’histoire de l’art du Luxembourg, Brandy fait
partie d’une poignée d’artistes luxembourgeois qui font
des propositions novatrices dans les années 1970-1980.
Il s’inspire d’abord des leçons de prédécesseurs comme
Paul Cézanne (1839-1906) ou Joseph Kutter (1894-
1941). Ses études à l’École des Beaux-Arts d’Aix-en-
Provence lui font découvrir les enseignements des
artistes du mouvement Supports/Surfaces. Il déve-
loppe alors une sensibilité particulière pour la maté-
rialité de l’œuvre, en jouant avec les objets, la toile et
les couleurs, en somme, avec les supports et les sur-
faces. Il décline par la suite tout au long de sa car-
rière son vocabulaire stylistique de diverses manières.
L’exposition Robert Brandy face à lui-même. 50 ans de
carrière donne à découvrir différentes facettes du
travail de Brandy (peinture, dessin, sculpture, installa-
tions, livre d’artistes/sérigraphie). À travers plus de
soixante-dix œuvres, l’accrochage chronologique
permet d’esquisser l’évolution de son style depuis ses
débuts jusqu’à nos jours. Dès l’entrée de l’exposition,
le regard du visiteur est sensibilisé aux caractéristiques
plastiques de l’œuvre de Brandy. Le jeu de supports et
de surfaces, tellement fondamental, est mis en avant
par une œuvre présentée de face et de revers. Mis en
lumière, tous les éléments plastiques se dévoilent à
travers la transparence de la toile: les fines couches de
peintures comme des traces d’un battement gestuel,
des collages, des inscriptions, mais avant tout une
gamme chromatique subtile, avec des pigments naturels
et de la colle de peau, le châssis et la croix, une structure
en filigrane avec un milieu, une base et une partie haute.
EXPLORATION DE LA TOILE-OBJET
L’accrochage se poursuit de manière chronologique
en trois périodes: premièrement, de 1971 à 1979, les
débuts avec les influences de Joseph Kutter, de Paul
Cézanne et du mouvement Supports/Surfaces. Débute
alors la période blanche qui va aboutir à la consécration
de l’artiste, représentant le Luxembourg à la XIe Biennale
de Paris en 1980. La seconde période, de 1979/1980 à
1996, confirme cette volonté de jeu supports/surfaces,
avec des installations et la création d’ensembles inté-
grés constitués de mises en boîtes d’objets de rebut,
de morceaux de bois, de bouts de toiles, de charpies,