14 museomag 04 ‘ 2020
EN AVERS TOUTE (2/2)
La particularité de ces œuvres par rapport aux
médailles et gravures de ces hommes illustres était de
présenter des illustrations détaillées, notamment de
leurs uniformes, en couleurs. Ainsi, notons la couleur
blanche typique de l’uniforme autrichien décoré d’un
ruban blanc et rouge.
LAUDON ET ROUVROY
Ce n’est pas un hasard que cette plaquette rappelle
la représentation de ces mêmes personnages de la
cour autrichienne à travers la peinture sous verre. Art
régional et populaire, cette technique connaît sa plus
grande diffusion durant la seconde moitié du 18e siècle
où la production devient également sérielle. Acces-
sibles à une certaine bourgeoisie et aux paysans aisés
du Duché de Luxembourg, ces peintures véhiculaient
un témoignage d’attachement envers les Habsbourg.
Ainsi, l’une des peintures sous verre des collections
du Musée, acquise par la Section historique dans le
courant du 19e siècle, dépeint les traits allongés et aisé-
ment reconnaissables de Laudon. Ce dernier a nourri
des contacts réguliers avec l’un des artilleurs luxem-
bourgeois les plus réputés: Jean Théodore baron de
Rouvroy (Luxembourg, 1727 -Belgrade, 1789). Le 23
juin 1760, Laudon remporte une grande victoire sur les
Prussiens à Landeshut, aux portes de la Silésie et re-
connaît ce qu’il doit au lieutenant-colonel Rouvroy «qui
non seulement dirigea son artillerie de la manière la
plus efficace, mais me soutint de manière active par la
parole et par le geste. J’admets franchement que sans
son aide et son assistance il aurait été difficile d’obtenir
une victoire aussi complète». Une gravure représentant
le siège de Belgrade en septembre 1789, triomphe de
Laudon lors duquel Rouvroy perdit la vie suite à une
maladie, intégra les collections de la Section historique
de l’Institut grand-ducal dès 1848, grâce aux bons soins
du premier archiviste du gouvernement, Louis Deny
(1797-1875). La prise de Belgrade eut un retentissement
immense dans toute l’Europe. Cette victoire assura
la gloire et le titre de généralissime des armées de
l’empereur à Laudon. Joseph II lui accorda l’étoile
en brillants de l’Ordre de Marie-Thérèse, que seul
l’empereur avait le droit de porter en sa qualité de
grand-maître. C’est cette décoration qui est mise en
évidence sur la médaille d’Hilpert.
S’il n’a probablement pas séjourné dans le Duché de Luxembourg, Laudon était loin d’y être inconnu. Figure du panthéon militaire
impérial autrichien, le général meurt quelques mois après la prise de Belgrade.
©
éric chenal