Full text: MuseoMag 2019_01

6 museomag   01 ‘ 2019 
Alex Bodry: «Mon dernier combat a consisté à faire réparer l’oubli qui a frappé ce sculpteur ambitieux en lui consacrant une exposition 
rétrospective au Luxembourg, pays auquel l’artiste avait tourné le dos depuis 1923.» 
© 
éric 
chenal 
Le nom de Mich, je l’ai découvert lorsque j’ai commencé 
à m’investir dans un projet collectif sur l’Art nouveau au 
Luxembourg il y a plus de douze ans. Collectionneur 
d’art chargé d’écrire la partie du livre consacrée 
aux arts décoratifs, je me suis plus particulièrement 
intéressé à la peinture et à la sculpture. Pour la peinture 
il y a Dominique Lang, du moins au cours de sa période 
symboliste et préraphaélite. Mais pour la sculpture? 
Cito? Non, c’est tout au plus un représentant du style 
art déco. 
Mais par le biais de Madame Lotty Braun-Breck, 
biographe de Cito, je suis tombé sur ce Jean Mich, 
artiste oublié, créateur de l’impressionnante «Jeune 
fille aux roses» que j’ai pu admirer au parc du domaine 
thermal de Mondorf. Puis j’ai recherché des œuvres 
de Mich, notamment ses motifs chinois, dans des 
catalogues de ventes aux enchères à l’étranger. 
Jean Mich est effectivement un des rares artistes 
luxembourgeois mentionnés dans les grandes 
encyclopédies d’artistes comme le Bénézit. À Vienne, 
au Dorotheum, j’ai pu acquérir une première œuvre du 
sculpteur luxembourgeois. Une fausse interprétation 
de la signature a fait que je n’avais pas de concurrent 
lors des enchères. Dans une seconde étape, j’ai pu faire 
la connaissance de gens intéressés, voire passionnés 
comme moi par ce statuaire talentueux, mais peu 
connu et à la vie énigmatique. 
Pour remonter la piste, il y a évidemment comme 
précieux «indicateurs» les membres de sa famille, 
les descendants de ses mécènes, les antiquaires et 
brocanteurs ou encore les propriétaires d’œuvres 
créées par Mich. Dans son village natal de Machtum, 
j’ai aussi rencontré des «convertis». Grâce à tous ces 
contacts directs, j’ai finalement réussi à réunir un 
maximum d’informations sur Jean Mich, ses œuvres et 
sa vie. 
RÉPARER L‘OUBLI 
Ma plus grande réussite a été de résoudre le mystère 
autour de sa disparition. Alors que les publications 
officielles indiquaient comme année de décès 1919, je 
savais qu’il y avait là une erreur manifeste. Mich était 
bien vivant au moment de participer au concours 
relatif à la construction d’un monument dédié aux 
combattants de la Première guerre mondiale en 
1920/1921, où il a obtenu le second prix. 
À LA RECHERCHE 
D’UN ARTISTE PERDU 
ALEX BODRY, CO-COMMISSAIRE DE L’EXPOSITION, ÉVOQUE LA GENÈSE 
DU PROJET D’EXPOSITION « JEAN MICH (1871-1932) »
	        
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