4 museomag 01 ‘ 2018
Giorgio De Chirico (1888–1978): «Piazza d’Italia», vers 1970, huile sur toile
©
éric
chenal
Dans le cadre de la réouverture de l’espace au quatrième
étage consacré à l’Art moderne et contemporain,
le public peut découvrir dès à présent un nouvel
accrochage au sein duquel une récente acquisition
occupe une place de choix: il s’agit de Piazza d’Italia,
une œuvre métaphysique du peintre italien Giorgio De
Chirico.
Située au début du parcours, à côté d’œuvres des deux
peintres surréalistes belges René Magritte (1898-1967)
et Paul Delvaux (1897-1994), la peinture métaphysique
élaborée à partir de 1916 par Giorgio De Chirico ouvre
la voie à l’art moderne.
Né en Grèce de parents italiens, Giorgio de Chirico
(1888-1978) étudie à l’Académie des Beaux-Arts de
Munich dès 1906. En contact avec la culture allemande
du début du siècle, il s’intéresse à la philosophie de
Nietzsche, Schopenhauer et Weininger, et reste frappé
par la peinture romantique et décadente d’Arnold
Böcklin (1827-1901) et de Max Klinger (1857-1920).
En 1908, il rentre en Italie et son séjour à Turin le
marque profondément. En effet, il est fasciné par les
architectures rectilignes des vastes places, peuplées de
statues placées à hauteur d’homme qui semblent faire
partie de la foule des passants, ainsi que par la violence
des contrastes entre l’éclairage et les ombres portées.
De Chirico est l’un des initiateurs de la peinture
métaphysique qui marque un retour à une
peinture figurative en référence à la tradition de
la Renaissance italienne, avec une évocation du
temps et de l’espace qui appartient davantage à
l’imaginaire qu’au réel. L’objectif est de créer une
peinture atemporelle, en dehors de l’Histoire, pour
atteindre une certaine universalité. À travers des
images énigmatiques, des sujets situés en dehors
de notre contemporanéité, la peinture nous amène
à nous poser des questionnements métaphysiques.
UNE ATMOSPHÈRE D’ÉTRANGETÉ
La mémoire du monde classique se retrouve dans
ses compositions sous forme de reconstructions
théâtrales. Il définit l’espace par des éléments
architecturaux qui apparaissent clairement comme
des coulisses en perspective, vides et inhabitables. Il
MAGIQUES SUGGESTIONS
GIORGIO DE CHIRICO EN VEDETTE DU NOUVEAU PARCOURS ART MODERNE ET CONTEMPORAIN