4 museomag 04 ‘ 2016
splendeurs picturales et
spiritualité médiévale
«sang et larmes. albrecht bouts et les images de la passion»
est présentée en avant-première au luxembourg
Avec des prêts aussi prestigieux que ceux issus de
la National Gallery de Londres, du Musée du Prado
à Madrid et du Metropolitan Museum de New York,
l’exposition Sang et larmes. Albrecht Bouts et les images
de la Passion, organisée en collaboration avec le
Suermondt-Ludwig-Museum d’Aix-la-Chapelle, réunit
pour la première fois des œuvres exceptionnelles de la
fin du XVe et du début du XVIe siècle. L’exposition met à
l’honneur un peintre trop peu connu du grand public:
Albrecht Bouts, fils puiné du célèbre «Primitif flamand»
Dirk Bouts, actif à Louvain (Brabant) entre 1457 et 1475.
Albrecht, né vers 1451-1455, maintient la tradition
paternelle dans la ville jusque tard au XVIe siècle, puisqu’il
décède en 1549, à l’âge exceptionnel d’environ 98 ans.
Afin de se familiariser avec l’œuvre de ce maitre, le
spectateur peut contempler une sélection de tableaux
autographes et de l’atelier, dont un autoportrait du
peintre récemment attribué (Brukenthal Museum,
Sibiu) ou encore une Vierge vénérée par saint Joseph
(collection privée) exposée pour la première fois.
«devotio moderna»
Le volet principal de l’exposition est dédié à la
présentation de peintures destinées à la dévotion
privée. Albrecht Bouts et son atelier se sont en effet
spécialisés dans la production en série de ce type de
tableaux, parallèlement au développement du culte de
la devotio moderna. Cette spiritualité nouvelle, qui se
développe largement dans les anciens Pays-Bas à partir
des années 1450, accentue le caractère individualiste
de la piété, en invitant les croyants à méditer dans leur
espace privé sur la vie et la Passion du Christ.
Les peintures de dévotion privée présentent une
effigie sacrée en gros plan et sont généralement de
petites dimensions. Elles adoptent parfois la forme
de panneaux isolés, mais aussi de triptyques et de
diptyques ou encore de pendants. Le portrait du Christ
en buste, accompagné ou non d’une effigie de sa
mère, constitue un des sujets de prédilection pour ces
œuvres. Afin de répondre à la demande grandissante
pour ce type de tableaux, Albrecht Bouts et son
atelier, véritable petite «entreprise», s’organisent pour
produire en grande quantité ces peintures. Ils vont
ainsi copier des compositions à succès de Dirk Bouts,
comme la Sainte Face, inspirée d’un portrait du Christ
disparu peint par Jan van Eyck, ou le Christ couronné
d’épines associé à une Mater dolorosa.
Albrecht Bouts ne se limite toutefois pas à emprunter
les modèles paternels et crée cinq nouveaux prototypes
L’œuvre «Ecce Homo» d’Albrecht Bouts a été temporairement extraite de sa niche à l’abbaye de la Cambre (Bruxelles).
©
éric chenal