derrière lequel se profilent les Impressionnistes et Bonnard, on trouve une frai-
cheur tonifiante et tout l’agrément d’un jardin où rayonnent les fleurs de l’été.
D'autre part, si Lapicque cerne de traits impétueux ses champs de couleurs dont
la sonorité va jusqu'à la stridence. Gischia associe un dessin régulier à la pureté
de ses teintes soutenues.
Parmi les autres artistes dont les formes sont géométrisées, Beaudin possède
des contours sinueux, un coloris clair, une matière à la fois maigre et sensible;
Montanier se sert de lignes étirées, souples, parfois aiguës, ses harmonies sont
graves et sa páte est tour à tour mate et lustrée; chez Chastel des accords sans
éclat, mais non sans profondeur, dégagent une lumiére qui est méditative; chez
Pignon, dans ses Pécheurs à Ostende, la clarté et l'ampleur de l'ordonnance se
conjuguent avec la finesse des roses et des gris, avec l'insistance des bruns foncés
et des ocres, non pour décrire une réalité, mais pour en proposer un équivalent
pictural.
Des équivalents d'une nature différente se voient chez Borès, où, loin de
tendre à la rigueur, la ligne avance de façon nonchalante et où le coloris se signale
par sa rareté comme par sa retenue. D’autres manières encore d’aborder le monde
extérieur et de peindre les sensations qu'il suscite se rencontrent dans les œuvres
de Sarthou et de Cottavoz, de Seiler et de Lesieur, de Bolin, Mouly, etc.
La diversité n'est pas moins grande chez les artistes non-figuratifs ou abs-
traits. Unissant la discrétion à la ferveur poétique, Bissiére compose une en-
voütante musique de chambre; Geer van Velde est l'homme des constructions
aérées, de la lumiére sereine, des teintes délicates; Piaubert, à l'aide de formes
géométrisées et d'un coloris tout ensemble solennel et sobre, nous dépayse en
nous invitant à entrer dans un espace immensurable; Zack affectionne les formes
nuageuses, un chromatisme réduit, une matiére spiritualisée, bref, un climat
contemplatif; Hosiasson, dans une couleur et une matière plus variées, parait in-
carnet le souvenir d'un enivrement provoqué par un ciel méridional. Chez Estéve,
où tout est affirmé avec énergie, la solidité s’allie à l’éclat et la fermeté au lyrisme
pour créer des compositions d’une densité et d’une saveur des plus exaltantes.
Dans sa toile de 1949, Le Moal fait encore allusion à des objets et ses formes
sont assez précises, mais dans les œuvres récentes nous ne discernons plus que des
taches de couleurs qui suggèrent la fusion d’éléments fluides éclaboussés de
lumière. Chez Bertholle, les clartés se débattent contre les ténèbres, et nous avons
affaire à un art plein d'élans, de tensions, de déchirements, qui néanmoins n'a rien
(^