Full text: Natures mortes du Musée des Beaux-Arts de Strasbourg

dans les collections publiques ou privees de Strasbourg. Les seuls tableaux 
auxquels se référaient les ouvrages ou dictionnaires qui lui consacraient 
une maigre notice, étaient passés d'anciennes collections de la maison d'Au- 
triche dans les Musées de Prague et de Vienne. Or, à cette époque, deux 
ceuvres importantes étaient acquises par le Musée de Strasbourg, et une 
étude biographique fortement documentée sur la vie de l'artiste paraissait 
en librairie, due à l’Abbé Brauner, archiviste de la Ville (*). Aujourd’hui, 
le Musée possède neuf œuvres de Sébastien Stoskopff, œuvres qui, avec 
quelques autres entrées ou identifiées dans des collections françaises et 
étrangères, ont permis d’assigner à ce maître une place exceptionnelle dans 
l’histoire de la nature morte, entre France et Allemagne, entre les Pays- 
Bas et l’Italie : place correspondant, géographiquement et psychologique- 
ment, à la situation de Strasbourg, et historiquement, à l’époque troublée 
de la Guerre de Trente Ans (2). 
Mais l’évolution même de l’artiste, au fur et à mesure qu’est mieux 
connu le rôle de la nature morte dans l’histoire de la peinture, le situe égale- 
ment à un carrefour, au moment même où la pratique de ce genre pictural 
se généralise en Europe. Des Pays-Bas espagnols, où la nature morte se dégage 
des tableaux à sujets religieux, historiques ou anecdotiques, il était passé 
en Hollande et en Allemagne, avec les réfugiés protestants qu’accueillaient 
les villes ou les principautés passées à la Réforme. On ne connaît aucune 
œuvre du peintre Daniel Soreau, réfugié de Liège à Hanau, où en 1615 
Stoskopff, boursier de la Ville de Strasbourg, avait été mis en apprentis- 
sage. Mais on connaît deux fils ou neveux de ce Soreau qui, l’un et l’autre, 
ont été peintres de natures mortes. À la mort de Daniel, en 1619, c’est Stos- 
kopff qui dirigera l’atelier, les deux jeunes Soreau n’étant pas d’âge à en 
assumer la charge. À Hanau, il hérita d’un autre élève du vieux maître, 
Joachim de Sandrart, alors âgé de 13 ans, et qui devait être plus tard son 
premier biographe. C’est par Sandrart que nous savons son départ pour 
Paris en 1621, son séjour de vingt ans en France, interrompu en 1629 par un 
voyage en Italie. Par ailleurs, ses tableaux nous font connaître des relations 
directes avec les Flandres et la Hollande. À Paris (ce sont encore ses œuvres 
qui nous l’apprennent), il évolue, sans doute dans le quartier de St-Germain- 
des-Prés, dans le milieu des Baugin, des Linard, des Louise Moillon, peintres 
de natures mortes, mais il a dû fréquenter aussi des graveurs : Callot, Abra- 
ham Bosse, Dorigny, gendre et interprète de Simon Vouet. 
— 
(1) Joseph BRAUNER, Sebastian Stosskopf, ein Strassburger Maler des 17. Jahr- 
hunderts. Strasbourg, Els.-Lothr. Wissenschaftliche Gesellschaft. 1933. 
(2) Hans Hauc. Sébastien Stoskopff, peintre de natures mortes (1597-1657), dans 
Trois Siécles d’ Art Alsacien, 1648-1948. Strasbourg 1948, p. 23-72. — Hans Hauc. 
Trois peintres strasbourgeois de natures mortes dans La Revue des Arts n? 9. 1952, pp. 
138-145. 
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