Full text: Armes, forteresse

Salle 118 
L'aménagement de la salle fut concu selon le theme général: les armes de l'Afrique Noire. Le choix des objets fut soumis 
au triple critére de leur esthétique spécifique, leur représentativité et les disponibilités des réserves. Cette derniere 
considération explique l'abondance relative de spécimens provenant de l'Afrique Centrale, plus précisément du Zaire 
actuel, ex Congo-belge. L'époque de la colonisation de cette région y avait attiré (une conséquence directe des liens 
séculaires belgo-luxembourgeois) un grand nombre de ressortissants grand-ducaux; la fascination pour l'exotisme 
terrifiant (vrai ou faux?) des armes dicta le comportement collectionneur de ces gens: ils s'empressérent d'entasser lances, 
haches, glaives etc. plutót que de diriger leur curiosité sur d'autres manifestations du génie noir. La composition des 
objets exposés ne saurait donc étre représentative que pour le travail du fer de l'Afrique Centrale. Il faudra l'apprécier, en 
interdisant à l'imagination les scénes de massacre, qu'elle serait tentée de projeter, comme une induction logique de 
l'aspect terrifiant de l'arme. 
En Afrique tout comme ailleurs, l’arme n’avait pas la mission primordiale d’&tre homicide; c’est un outil d’acquisition 
d'abord, de défense ensuite, mais surtout de cérémonie. La plupart des piéces exhibées n'ont vu d'«action», ni guerrière 
ni cynégétique, et sont par là comparables à l'épée du diplomate ou de l'académicien. Cette restriction faite, il convient 
d'analyser la valeur documentaire des objets. L'arme africaine témoigne irréfutablement en faveur du «Noir» en tant que 
«métallurgiste», et ceci (pour l'Afrique Centrale), au moins depuis le XI* siécle. Son «métier», intimement lié à des 
pratiques magiques, conféra au forgeron des titres de gloire et de respect, mais aussi de crainte et de répugnance, faisant 
de lui un «héros» ou un «paria». Artisanale, depuis le «haut fourneau» jusqu'à la décoration, la profession se transmettait 
dans le tabou à l'intérieur de la fámille, du clan ou de la tribu. Cette situation explique la variété énorme dans les formes, 
mais permet aussi de constater le conservatisme et les emprunts entre des voisins, qui adoptent des objets dont la 
signification primitive leur échappe: Ainsi apparaissent dans la forét vierge des couteaux de iet dont l'usage pratique est 
limité à la savane. 
La logique esthétique (individuelle ou tribale) ajouta sa part pour contribuer à la variété dans ce conservatisme apparent. 
Le Sens du beau (spécifique à l'Africain) réussit à communiquer à l'objet la perte définitive de sa mission primordiale: la 
hache de jet se retrouvera tellement déformée qu'elle ne pourra plus servir, ne répondant plus aux exigences les plus 
élémentaires d'équilibre balistique. - 
Deux autres facettes de l'art africain, la musique et la plastique, sont là pour arrondir l'aspect de la salle, et lui 
communiquer une note plus conciliante. Les récipients, autres témoignages de la dextérité de l'artisan africain justifient 
leur présence par l'ornementation: on y voit dominer les mémes motifs strictement géométriques que ceux repérables en 
abondance sur les armes. 
Deux vitrines sont consacrées à des armes maghrébiennes (surtout marocaines) destinées à illustrer le cóté «oriental» 
(surtout turco-arabe) du continent noir. Les objets ont été strictement sélectionnés pour leur apport esthétique, fournissant 
ainsi un aspect tout-à-fait différent d'un art mineur des plus appréciés sur ce continent. Il convient par ailleurs de noter 
que les deux régions, tellement distantes et distinctes, n'étaient pas restées sans influer l'une sur l'autre: la zone 
intermédiaire, l'Afrique Occidentale, mal représentée ici en fournit les preuves évidentes. 
134
	        
Waiting...

Note to user

Dear user,

In response to current developments in the web technology used by the Goobi viewer, the software no longer supports your browser.

Please use one of the following browsers to display this page correctly.

Thank you.