Raymond Cogniat résumait bien les propos des critiques d'art,
en écrivant lui-même dans Le Figaro du 9 juillet 1959: «Il s’agit d’un
cas curieux, celui d’un artiste plusieurs fois découvert et oublié depuis
des années, un des précurseurs de l’art abstrait, un des plus doués et
des plus attachants par son caractère d’homme et par l’éclat de sa
peinture. Quelle malchance le poursuit qui le laisse dans l’ombre alors
qu’il devait figurer en tête? Quand il a commencé ses recherches, on
pouvait dire que c’était trop tôt; va-t-on prétendre maintenant que
c’est trop tard et faire semblant qu’il vient à la suite?»
Lorsque l'on se penche sur toute cette oeuvre, trés abondante,
riche, variée, c'est tout d'abord au magnifique exemple d'équilibre
entre l'esprit et le coeur, la raison et la spontanéité, la pensée et
l’action, que l’on va. En effet, les toiles de Lacasse traduisent une
harmonie prenante, enrichissante, entre la conception originale dans
laquelle la structure se crée et s’établit, et l’exécution lyrique qui
baigne tout l’acte de peindre.
Le dessein qui consiste en l'élaboration mentale du tableau et le
résultat final auquel celui-ci aboutit, se confondent naturellement.
C'est un élément majeur de jugement lorsque l'on mesure l'effet
provoqué par l'oeuvre d'un peintre à la fois sur l'intelligence et sur la
sensibilité du spectateur.
La lumiére, qui est au centre des recherches de Lacasse, méta-
morphose les couleurs en feu, en joie de vivre et en plaisir d'étre. La
ligne droite et précise alterne, pour sa. part, avec l'arc tendu et l'angle
incisif. Des plans tour à tour unis et sombres s'érigent comme des
répondants face à l'éclat de formes palpitantes et à leur scintillement.
Dualité, sans cesse du nerveux et du tendre. .