C'est ainsi que Lacasse et Delaunay exercérent une influence
considérable sur des aventures tangeantes à celles qui avaient cours
à l'époque, mais des aventures qui triomphérent enfin, aprés la
deuxième guerre mondiale. Les rapports de Delaunay dans le domai-
ne des rythmes colorés, ainsi que l'activité du groupe Cercle et Carré
(Michel Seuphor et Torrés-Garcia) et du groupe Abstraction- Création
conduisirent Lacasse à passer, dans une démarche logique, du cu-
bisme figuratif à un cubisme abstrait.
A l'intuition succéda ainsi la lucidité, mais sans jamais flétrir par
l'intelligence ce que propose à l'inspiration le coeur. A partir de ce
moment, Lacasse affirme avec de plus en plus de force sa vision
plastique, lui insufflant d'ailleurs un caractére formel et coloré de plus
en plus original. A cette époque-là, curieusement, des compositions
abstraites vivement construites alternent avec des effusions tachistes
avant la lettre.
Lorsque l'on parle de l'influence de Lacasse, un nom vient
à l'esprit: celui de Poliakoff. Dans un entretien avec Marcel Van Jole,
en 1953, Poliakoff lui-méme déclarait qu'il devait énormément, sinon
tout, à l’exemple de Lacasse qu’il connut dans la galerie l'Equipe en
1937. Ce fut précisément dans cette galerie de Lacasse que Poliakoff
montra sa premiére oeuvre abstraite en 1938.
Mais en juin 1940, Lacasse se retrouva en Angleterre, comme
volontaire de guerre. Hélas! Parce qu'à son retour à Paris, en
décembre 1945, les places étaient prises et il pouvait voir, dans
plusieurs galeries, des tableaux qui ressemblaient trés fort à ceux qu'il
avait faits, à ce qu'il avait expérimenté et réalisé lui-méme, à Paris, de
1925 à 1940. Ce fut un passage difficile. Mais petit à petit, les mérites
de l'artiste furent connus, davantage appréciés, son oeuvre fut re-
COnn...
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