nous assaillant, mais en marquant leur presence avec une douce tena-
cité. Tour à tour lent et alerte, appuyé et léger, le trait décrit. plus
souvent des courbes que des droites; à la définition stricte qui empri-
sonne les formes, il préfére la suggestion un peu vague ou sommaire
qui les laisse «respirer». Aussi ne souligne-t-il pas toujours les limites
des champs de couleurs. D'ailleurs, depuis le milieu des années 50, la
facture de Borés est devenue de plus en plus large et le coloris a aug-
menté ses pouvoirs.
Non qu'il soit jamais violent. Toujours la diversité et les finesses
des valeurs l'emportent nettement sur l'éclat des teintes et leurs con-
trastes. Mais comme cette couleur est vibrante et gorgee de saveur! Et
comme elle est originale! À chaque instant, nous y rencontrons l'inat-
tendu. Certains traits, certaines touches ont méme un air désinvolte,
mais le ton est trop rare et trop juste pour qu'il puisse étre le produit
d’un tätonnement hasardeux. Rien de provocant non plus dans cet art.
Borés étonne, il séduit, il enchante, il ne vise jamais à épater.
Les couleurs et leur répartition déterminent aussi la lumiére des
tableaux et des gouaches. C'est dire qu'elle est non pas enregistrée,
mais inventée. D'une fagon générale, la part de l'imaginaire est grande
chez Bores. Cependant, ıl s’agit d’un imaginaire qui n’a rien à voir
avec le fantastique et qui ne s'égare pas dans l'artificiel. Quelle que
soit la liberté dont le peintre témoigne en inventant ses formes, ses