Francis Montanier n’a jamais été un artiste tapageur. Il n’a jamais
fait figure de contestataire. Pourtant s'il n'avait pas contesté la pein-
ture traditionaliste, il ne serait pas sorti des sentiers battus; 1] n'aurait
pas pu devenir cet artiste personnel auquel nous devons une oeuvre si
attachante.
Comme il est né en 1895, il appartient à une génération pour
laquelle il était naturel de commencer par étudier à une École des
Beaux-Arts. Naturel aussi de travailler d'abord dans la maniére
réaliste. Montanier reste d'autant plus longtemps fidéle à cette maniére
qu’il voue une admiration profonde aux vieux maîtres, notamment à
Vélasquez et à Chardin. En outre, lors de différents séjours en Italie
(le premier, de 1925 à 1928, est entraîné par l’attribution du Grand
Prix de Rome de Gravure), il s’enthousiasme pour les fresques des
XIV* et XV° siècles, il en étudie la technique, exécute même des relevés
de certaines d’entre elles. Cependant, c’est aussi l’examen des peintures
murales d’Uccello et de Piero della Francesca qui l'améne à se poser
des questions au sujet de ce qu'il avait appris à l'École. Ces questions
se font de plus en plus troublantes lorsqu’il entre en contact avec
Braque dont il devient en 1937 le voisin et peu apres l’ami. Rien