La guerre me libéra du surréalisme dans la mesure où elle absorba certains aspects visionnaires
de celui-ci pour les restituer dans ses propres horreurs, son humour tragique. Avant la fin de la
guerre, j'étais de nouveau livré à moi-même. Je me remis à dessiner les objets les plus simples,
à peindre de petites gouaches.
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1947
Au cours d’un sejour en Haute-Savoie, il ramasse un fragment d’ardoise dont la
forme l'attire et à l'aide d'un vieux clou y grave un dessin. Il est fasciné et passionné
par ce matériau nouveau qu'il n'abandonnera plus.
Ubac se remet à la peinture. Il suit les conseils de son ami le peintre Goetz; emploie
des émulsions, surtout celle à base d'oeuf, et évite de se servir d'huile. Il ne parti-
cipera pas à la grande exposition surréaliste d'aprés-guerre. Louis Clayeux ren-
contré chez Goetz l'encourage et lui consacre un premier article critique. Il colla-
bore à la revue «Troisiéme Convoi» et fréquente des artistes trés différents de
ceux vus jusqu'alors: ceux de la Galerie Denise René et plus spécialement Bazaine
et ses amis.
Jean Lescure m'avait fait connaítre Bazaine en m'amenant dans son atelier. Ce que je voyais
ici était une voie de la peinture entiérement différente de celle que j'avais connue. Une voie
qui arrivait au «tableau» en partant de la forme et de la couleur avec ses lois, ses exigences
et sa discipline. A leur insu peut-étre, Bazaine et ses amis m'aidérent par leur oeuvre à faire
l'effort d'aborder ces problémes sans passer par les phantasmes dont j'avais été tributaire.
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En janvier Ubac fait sa premiére exposition de peintures à la Galerie Maeght oü
par la suite il exposera à intervalles réguliers. La même année il organise à Wuppertal
la première exposition de ses ardoises gravées et taillées.
À partir de cette époque, Ubac travaille simultanément la peinture et l’ardoise.
Celles-ci sont gravées de plus en plus profondément et deviennent de véritables
reliefs.
Il recoit le quatriéme Prix à l'exposition du Carnegie Institute de Pittsburgh.
Ubac acquiert une maison dans un village de l'Oise. Il y fera des séjours de plus
en plus prolongés pour finalement y habiter définitivement.
Par l'ardoise il aborde le corps dans des torses trés minces striés de lignes fines,
le paysage dans des reliefs aux lignes parallèles et rythmées.