Les pierres sculptées qui appartiennent aux collections du Musée d'Histoire et d'Art comptent
parmi les précieux témoins de notre passé si riche en souvenirs de l’occupation romaine, laquelle
dura plus d’un demi-millénaire (de —53 à +476). Provenant de constructions érigées en terre pro-
vinciale par des agents administratifs implantés chez nous ou par l’aristocratie de la population in-
digène, c’est-à-dire les riches propriétaires fonciers, ces pierres révèlent non seulement le degré de
culture acquise, les progrès réalisés par l’adaptation à un nouveau mode de vie, mais aussi la sur-
vivance tenace des traditions gauloises.
Les pierres qui nous impressionnent le plus favorablement sont, sans contredit, les frises sculptées
par un ciseau habile et inspiré par des œuvres célèbres. Elles ont, pour la plupart, fait partie de
monuments de dimensions colossales. Ces pierres nous invitent à reconstituer par l’imagination les
édifices imposants, quand bien même leur état fragmentaire ou les dimensions de l’ensemble
s’opposent à une reconstruction intégrale.
Mais les pierres qui nous émeuvent davantage, ce sont les ceuvres modestes qui nous donnent la
certitude qu'elles sont dues au talent naissant de nos lointains ancêtres — quoique le ciseau s’avère
souvent malhabile en cherchant à imiter les productions courantes de ceux qu’ils considèrent
comme leurs maîtres en tant que vainqueurs et artistes. Leurs œuvres ont un cachet d’authenticité
par le sujet traité et le vêtement porté par les personnages représentés. Si des qualités hautement
artistiques leur font défaut, elles ne manquent pourtant pas de saveur: la véracité des descriptions,