Full text: Pierres sculptées et inscriptions de l'époque romaine

la spontanéité qui se devine sous des ttaits un peu rudes nous renseignent parfaitement sur la «vie 
de famille» et les occupations de ceux qui furent nos ancêtres gallo-romains. 
Au fur et à mesure que leur contact avec les Romains s'intensifiait, que leurs dieux furent rapprochés 
ou confondus avec les divinités romaines, les Gaulois les sculptèrent sous des traits humains sur la 
pierre. Enfin, ils adoptérent les dieux de la mythologie orientale, en particulier Cybele et Mithra, 
la plus importante des divinités qui furent introduites au Panthéon romain à la suite des conquêtes 
militaires. (Des temples de Mithra se trouvent par exemple à Cologne, Heddernheim, Mayence, 
Bingen, Trèves, Sarrebourg et Kœnigshofen). 
De tout temps les croyances religieuses ont joué un rôle important dans la vie des peuples. La religion 
du Romain, réduite à des cérémonies et des prières, était un culte sans obligation (morale) aucune 
pour l’homme. Les cérémonies eurent lieu dans une enceinte sacrée. Le temple, bâtiment rectangu- 
laire ou, plus rarement, rond avec toit en coupole, était une chapelle de petites dimensions (cella), 
qui n'abritait que la statue du dieu et était entourée d'une colonnade. Quelquefois, il se réduisait à 
un autel enfermé dans un enclos sacré. Des exemples de tels sanctuaires nous sont offerts par les dé- 
couvertes faites à Dalheim et à Steinsel. Placé devant le temple, l'autel était un bloc de pierre (ou de 
marbre) sur lequel les prétres allumaient le feu sacré pour le sacrifice, brülaient l'encens et répan- 
daient les libations. A cet effet le dessus des autels est muni d'une cavité peu profonde. 
Les pierres à quatre divinités, dont l'ordre de répartition des dieux — Jupiter, Junon ou Cérès, 
Minerve ou Mars, Mercure ou Hercule — sur les quatre faces de la pierre, donne lieu à de nombreu- 
ses variantes, sont représentées en plusieurs exemplaires dans nos collections. En général, ces blocs 
de plan carré servaient de socles à des colonnes surmontées du dieu-cavalier terrassant un monstre 
figuré quelquefois comme anguipède. Nous connaissons deux interprétations de ce groupe en 
provenance de Dalheim, malheureusement à l’état fragmentaire. Un troisième groupe, de taille 
plus importante, serait entré dans une collection privée. Un socle à quatre dieux, actuellement au 
Musée de Metz, avait tenu lieu de borne frontière n° 75 entre la Lorraine et le Luxembourg. Ces 
colonnes sont assez nombreuses dans la région du Rhin, principalement aux environs de Mayence. 
Elles s’élevaient aux carrefours ou dans l’enceinte d’un temple. La plus connue de ces colonnes 
dites de Jupiter («Jupitergigantensäulen») est conservée à Mayence même. Au Musée de Metz, 
celle découverte (en 1878) à Merten, Lorraine, d’une hauteur d’environ 15 m, offre un bel exemple 
pour nos régions, par l’ornementation de son soubassement à deux zones: pierre carrée supportant 
une pierre octogonale, les deux ornées de reliefs figurant des dieux. 
Préoccupés, plus ou moins selon l’époque, de l’au-delà, superstitieux à l’extrême, les Romains 
veillaient à s’assurer une sépulture digne des soins pieux de leurs descendants. Très souvent — et si 
leurs moyens le leur permettaient — ils prirent de leur vivant le soin de perpétuer leur propre
	        
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