sympathie, jamais avec complaisance. Rien n'était plus contraire à
sa nature que la tentation de les flatter ou de les idéaliser. Le masque
qu’ils pouvaient porter dans la vie sociale, il le perçait, l’écartait, son
seul but étant de les montrer tels qu'ils lui apparaissaient quand le
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coeur était mis à nu et que se révélait sa réalité secréte.
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Mais Kokoschka ne fait pas que nous renseigner sur ses modèles.
À travers eux, c'est lui-méme qui se livre. En effet, d'ordinaire ils
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sont inquiets, vulnérables. Plus d'un donne l'impression d'étre hanté
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par une angoisse épuisante, assailli par des tourments qui l’ébranlent
et qui peuvent le conduire jusqu’à la névrose. Combien de regards ont
l’air effrayés, combien semblent figés par la vue d’on ne sait quel
danger affolant! Et que de mains nerveuses, tremblantes, crispées!
Incontestablement, si nous constatons chez tous une inquiétude et un
malaise analogues, c’est que ceux-ci ont une de leurs sources dans le
créateur méme de ces oeuvres. Il suffit d'ailleurs de voir les auto-
portraits pour en étre à Jamais convaincu: Kokoschka est l'un des
grands inquiets de ce temps. Peu d'artistes ont aussi profondément
senti combien l'homme est une créature menacée, à quel point il est à
la merci des tendances qui vivent obscur&ment dans son inconscient.
Quoi de plus naturel que de penser à Freud qui a élaboré la psycha-
nalyse dans la ville même où le jeune Kokoschka a fait ses études?
Chez l'un et chez l'autre nous trouvons un souci semblable de
regarder en face des réalités humaines qui souvent restent dissimulées
et qui, avouons-le, ne sont pas toujours rassurantes. Tous les deux
préfèrent aussi la désillusion qu’entraîne la lucidité à l’optimisme qui
se fonde sur de pieuses duperies. Non qu’ils soient fondamentalement