ce domaine. Cependant, depuis quelques années, il multiplie les
sculptures à claire-voie oü se manifeste le souci de dépasser les effets
de silhouette pour suggerer des espaces complexes. Dans de telles
ceuvres revit le souvenir de la forét qu'il a admirée en Transylvanie
au cours de son enfance. «Il y a d’une part, dit-il, le tronc qui est
compact et d'autre part les branches qui assument l'espace et le
suscitent».* L'intérét de cette phrase mérite d'étre souligné: elle
atteste qu'une réalité précise peut étre retrouvée dans un art trés libre,
si libre qu'il a l'air totalement inventé.
Y
Lobo, qui a appris son métier à Valladolid dans un atelier oü
l’on taillait des statues de saints, est un de ces Espagnols que la
guerre civile a poussés, en 1939, à se réfugier en France. Fixé à Paris,
il entre en contact avec Picasso qui le soutient, et avec Henri Laurens
aupres duquel il travaille pendant quelques annees. La veneration
qu’il voue à ce maître se reflète dans ses propres sculptures, en
particulier dans les Maternités qu'il exécute entre 1946 et 1950. Plus
tard, il s'écartera de Laurens pour évoluer à mi-chemin entre lui et
Brancusi.
Le theme de la maternite etant particulierement cher à Lobo, il
le variera bien des fois, le traitant dans le bronze, le marbre, la pierre,
changeant et les attitudes et les formes, montrant la mére assise ou
* Ionel Jianou - Etienne Hajdu, Paris, 1972