Full text: L'École de Paris dans des collections luxembourgeoises

statera ici — sans doute avec quelque surprise — qu’à partir de cette option nos 
amateurs de même que le Musée ont su acquérir des œuvres qui ne sont pas que 
des «cartes de visite», mais des réalisations hautement significatives et admirables. 
Une deuxième constatation pourra être faite: il existe au Luxembourg une 
prédilection pour ce que, faute de mieux, j'appellerai la peinture pure. Rarement 
nos amateurs inclinent à choisir des tableaux violemment expressionnistes. La 
peinture «littéraire» du surréalisme ne les séduit guère, elle non plus. Il en va de 
même du nouveau réalisme, du «pop art», voire de «l’op art» (encore que des séri- 
graphies de Vasarely soient récemment entrées dans quelques-unes de nos mai- 
sons). C’est du reste parce qu'en général nos amateurs apprécient les qualités 
proprement picturales qu’ils se sentent tellement attirés par «l’Ecole de Paris», 
qui — est-il besoin de le souligner? — est par ailleurs l’école la plus cosmopolite 
que l’on puisse imaginer. Ne voyons-nous pas s’y rencontrer des artistes qui 
viennent des horizons les plus différents? A côté des Français, que de peintres 
nes en Allemagne ou en Italie, en Belgique ou aux Pays-Bas, en Espagne ou au 
Portugal, en Russie, au Japon, en Chine, aux Etats-Unis, etc. Pourquoi continuent- 
ils à travailler à Paris alors que certains cherchent à les persuader que ce n’est plus 
là que se font les choses importantes? Il faut croire qu’ils y trouvent toujours un 
climat qui les stimule et qui favotise l'épanouissement de leur personnalité. 
De toute facon, les œuvres qui composent cet ensemble attestent par leur variété 
méme que jamais école ne fut moins pédantesque, plus diversifiée. Quoi de plus 
opposé qu'Estéve et Soulages, Manessier et Hartung, Bertholle et Poliakoff, 
Bissiere et Pettoruti, Pignon et Geer van Velde? Et quels contrastes entre Hosias- 
son et Magnelli, entre Lesieur et Tapies, entre Koenig et Carrade! 
On verra qu’une bonne partie des œuvres exposées a été mise à notre disposi- 
tion par des amateurs particuliers. Je dis: des amateurs et non des collectionneurs, 
car en verite il s’agit de gens qui achétent des peintures parce qu'ils les aiment 
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