Ce que je voudrais retenir du spectacle offert par cette admirable serie
de tapisseries, c’est la pensée qui a, semble-t-il, guidé leur génial
créateur. Au-delà de l'artiste fidéle à sa vocation apparait l'homme de
progrés, l'initiateur avide de conquétes nouvelles, impatient d'adapter
les techniques anciennes aux nécessités de son temps. Jean Lurçat a
su, le premier, révéler la tapisserie à ce destin prometteur que nous lui
connaissons aujourd’hui, en lui restituant ses buts essentiels:
répondre aux besoins actuels du public, reprendre sa place au sein de
la société, retrouver les exigences primordiales d’efficacité et de
grandeur, fournir un cadre approprié et combien chaleureux à la vie
présente.
Cette exposition constitue un brillant et legitime hommage rendu au
rôle novateur assumé par Lurçat tout au long de son existence avec
une lucidité sans égale, déployant inlassablement ses efforts pour
obtenir chaque jour une meilleure diffusion à travers le monde des
moyens techniques qu'il avait si bien contribué à remettre en honneur
et à moderniser.
Aujourd’hui, la genereuse comprehension de la Fondation Rothmans
nous permet de rappeler à chacun la dette acquise par tous envers
Lurçat durant ces années d’une lutte obstinée qu'il a menée jusqu'au
triomphal épanouissement qui se manifeste dans la plupart des pays
en faveur de la tapisserie. Souhaitons qu’un semblable mécénat actif
se développe pour favoriser l’essor des recherches artistiques
contemporaines.
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Nat
Pierre Laurent
Directeur Général des Relations culturelles,
scientifiques et techniques au Ministère des Affaires étrangères