Texte intégral: Maîtres lyonnais du XIXe siècle

Sans doute, existe-t-il chez ce peintre, une pudeur excessive, une réserve regret- 
table, capables de le détourner de son inspiration propre. Cependant // y a chez 
Janmot, écrivait Delacroix, un parfum dantesque remarquable ; je pense en le voyant 
à ces anges du Purgatoire du fameux Florentin ; j'aime ces robes vertes comme 
l'herbe des prés, au mois de mai, ces têtes inspirées ou rêvées qui sont comme 
une réminiscence d'un autre monde. 
L'univers de Janmot, discrètement exprimé dans ses œuvres, paralysées par une 
obéissance excessive aux conventions admises, est un milieu métaphysique, déjà 
presque chirichesque, où la solitude de l'artiste lyonnais est traduite avec une 
infinie humilité. - 
Prix de Rome, Hippolyte Flandrin, l'élève exemplaire d'Ingres, fait partie du petit 
cénacle, qui à Paris d’abord, puis à la Villa Medicis, ensuite, communiait dans l’admi- 
ration de Raphaël. 
Sur les murailles des églises, son art mesuré et grave trouve sa destination évi- 
dente, sans que jamais puisse affleurer, dans ses compositions de Saint-Germain 
des Prés ou de Saint-Martin d'Ainay, à Lyon, par exemple, le moindre agrément, 
le signe le plus élémentaire de satisfaction et de joie chrétienne. 
C'est peut-étre là, ajoute Focillon, que nous saisissons le mieux la note particuliere 
de la vie religieuse lyonnaise, son protestantisme de catholicité. 
Pourtant, dés que le visage humain sollicite l'activité d'Hippolyte Flandrin, son 
sang glacé reflue dans ses veines et il n'est pas audacieux d'écrire que ses por- 
traits réussis, comme celui de Napoléon lll, à Versailles, comptent parmi les plus 
beaux du XIX? siécle. 
Mais au moment oü l'ingrisme s'affadit et s'effrite aux mains des épigones du maitre, 
Puvis de Chavannes s'impose comme le mainteneur d'une tradition décorative dont 
Chassériau, éléve d'Ingres, lui montre, dans ses travaux, hélas en partie détruits, 
de la Cour des Comptes, la grandeur. 
Fa + 
Faire un jour, dans la peinture monumentale ou en tableaux, écrivait Chassériau, 
des sujets tout simples, tirés de l'histoire de l'homme, de sa vie : ainsi un voyageur, 
ainsi le penseur, le joueur, etc. 
Allié aux gouvernements bourgeois du XIXe siècle, Puvis de Chavannes ne se laisse 
pas guider par le nouvel humanisme cher au peintre des 7royennes ou de Lacordaire, 
mais il doit à son exemple et à ses idées sa carrière de grand décorateur des 
monuments officiels de la Ille République. 
L'influence de Chassériau et celle d'Ingres s'affirment dans ses grands panoramas 
plastiques, dédiés au Bois sacré cher aux Muses, à l'Enfance de Sainte Geneviéve. 
Pourtant l'esprit de synthése et l'attrait du symbole commandent au don d'analyse. 
Le sens de la composition statique, rigoureusement alliée aux aplats de la couleur, 
suscite auprès de Gauguin une curiosité attentive. Intérêt qui ne doit pas nous faire 
préférer les grandes compositions de Puvis à ses tableaux de chevalet, sensibles 
et vibrants. souvent proches de certaines notations très enlevées de Monet. 
Car si l'Idéalisme commande une fraction importante de l'Ecole Lyonnaise, une 
abondante phalange, gouvernée par le fécond Guichard, s'abandonne aux certi- 
tudes de la vie : vérités du paysage, de la nature morte et du portrait, illustrées 
avec tant d'éclat, par Ravier, Carrand, Vernay et leurs épigones.
	        
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