14 museomag 02 ‘ 2019
UN SOUFFLE DE LIBERTÉ
À PARTIR DU 30 AVRIL, LE MNHA REVIENT SUR L’ÉMERGENCE DES
SÉCESSIONNISTES LUXEMBOURGEOIS
La Sécession, dont le noyau était formé par le chef de file Joseph Kutter, le secrétaire Nico Klopp, mais aussi Claus Cito, Harry Rabinger et
Auguste Trémont, voulait réunir dans ses espaces tradition et modernité.
©
éric
chenal
En 1929, il y a exactement 90 ans, un cri retentit dans
le monde de l’art au Luxembourg! Le deuxième Salon
de la Sécession ouvre ses portes au Luxembourg,
réaffirmant le caractère avant-gardiste d’une dizaine
d’artistes face aux tenants des traditionalistes de
l’époque. Pour illustrer ce cri révolutionnaire dans
le numéro spécial intitulé “L’art des jeunes” dans Les
Cahiers luxembourgeois de 1928, l’artiste expression-
niste luxembourgeois Joseph Kutter (1894-1941) choisit
de dessiner sur la couverture de ce véritable manifeste
de la Sécession la tête d’une femme, image reprise de
sa peinture «La femme qui bâille» datant de 1926. Or
cette figure humaine qui jaillit du néant ne semble pas
bâiller mais plutôt pousser un cri similaire à celui d’un
autre expressionniste européen, celui d’Edward Munch
quelques années auparavant!
En effet, l’ouverture du premier Salon de la Sécession
en 1927 est considérée aujourd’hui encore comme
l’un des événements majeurs de l’histoire de l’art au
Luxembourg, inspiré des mouvements sécessionnistes
européens, beaucoup plus anciens, à Munich (1892),
Vienne (1896) et Berlin (1897). C’est alors que plusieurs
artistes luxembourgeois, qui ont fait leurs études à
Munich en Allemagne, se détachent non seulement de
l’académisme du XIXe siècle, mais aussi de l’impression-
nisme dans l‘espoir de développer un intérêt pour le
fauvisme et l‘expressionnisme.
LES DÉMISSIONNAIRES DU CAL
La création de la Sécession luxembourgeoise remonte
à l’année 1926, lorsque quelques artistes prennent
leur distance par rapport au Cercle Artistique
de Luxembourg (C.A.L.) créé en 1893. Plusieurs
commentaires parus dans la presse locale de l’époque
finissent par exaspérer les jeunes artistes. Le 15 juillet
1926, Jean Schaack (1895-1959) est le premier à quitter
le Cercle Artistique et suite à la réunion à la fin du mois,
plusieurs artistes démissionnent à leur tour. Le noyau
sera formé par le chef de file Joseph Kutter, le secrétaire
Nico Klopp (1894-1930), mais aussi Claus Cito (1882-
1965), Harry Rabinger (1895-1966) et Auguste Trémont (1892-1980).