dans l'ensemble la peinture romantique et idéaliste n'a point
l'autorité de la poésie et de la musique qui, au méme moment,
sont illustrées en Autriche avec tant d'éclat par Grillparzer,
Ferdinand Raimund, Johann Nestroy et Franz Schubert, l’ami
intime de Schwind.
Quant au réalisme «pictural», son développement est
significatif: les peintres ne suivent pas l'impressionnisme jusque
dans sa phase ultime, surtout ils n'adoptent pas la palette claire
et vive qui permet aux Impressionnistes français de jouer un
róle si important pour l'art de l'avenir. Et pourtant un homme
comme Karl Schuch est assez proche de cette conception de la
composition «picturale». Il est vrai que, si Schuch naît et meurt
en Autriche, s'il y crée les premiéres ceuvres de sa maturité —
telle cette Clairière près de Purkersdorf de 1872 —, 1l est par
ailleurs un cosmopalite qui vit non seulement en Allemagne
(où il évolue pendant quelque temps dans le voisinage de
Leibl), mais aussi en Italie et finalement à Paris. La spiritua-
lisation de la matière dont Courbet avait été l'initiateur, Schuch,
dans mainte nature morte, la développe et l'affine. Par contre,
le paysage de la fin du XIX* siécle, tel qu'on le voit chez
August von Pettenkofen, Eugen Jettel, Emil Jakob Schindler
et Tina Blau, se fonde beaucoup moins sur la couleur. Ces
peintres ont plutót l'ambition de moduler un seul ton sur toute
la surface de leur tableau. La chose est révélatrice. Elle atteste
l'importance qu’ils accordent au climat sentimental, à la
« Stimmung ». Aussi s’apparentent-ils moins aux impression-
nistes qu’aux peintres de Barbizon, et ils se rapprochent le plus
des artistes qui au méme moment forment en Hollande « l'école
de La Haye». Méme plus tard, lorsque Pettenkofen adopte
une facture pleine de liberté, il attache plus de prix à lopa-
lescence des valeurs qu’à l’éclat des couleurs pures. Il n'y a
que Theodor von Hôrmann qui puisse vraiment être qualifié
d'impressionniste.
C'est également dans le métier pictural que résident les
meilleures qualités d'artistes comme Carl Rahl, Hans Canon et
Hans Makart qui, durant le troisiéme quart du XIX* siécle,
représentent la peinture à idées et la peinture d'histoire. Eclec-
tiques, ils ont pour modéles Rubens, van Dyck et les grands
Vénétiens. S'il est naturel que leurs réalisations les moins pro-