d'exécuter des gestes plus larges. Non qu'il soit préoccupé pat
de plus vastes sujets. Au contraire, c'en est fini des panoramas,
des vues n'embrassant que des objets aux contours sommaires,
au visage mal défini. Klopp, maintenant, veut montrer les choses
de plus près, leur donner plus de poids, plus de carrure, plus de
caractère. Voici qu'un pont massif, un gros bateau, un groupe
de maisons s'imposent à notre regard, l'arrêtent, l'empêchent de
vagabonder. Voici que nous sommes même invités à contempler
des objets très proches et que contient un espace extrêmement
limité: des fleurs, des natures mortes, que Klopp avait si peu
considérées auparavant et que désormais il va traiter avec un
plaisir et un bonheur manifestes.
On croit apercevoir ce qui tout à coup lui rend si chers
ces sujets. Pourquoi l’attireraient-ils sinon pour des raisons
d'ordre strictement plastique? Un bouquet de fleurs, n'est-ce
pas ce qui se prête le mieux à ses nouvelles recherches dans le
domaine de la couleur, à son désir d'accroître la force et la
pureté des tons en même temps que la simplicité et la plénitude
des accords? Et le problème de la forme et de la composition,
n'est-ce pas en peignant des natures mortes qu'il l'aborde le
plus directement et dans sa complexité la plus nue?
Les solutions qu'il nous en propose le montrent sensible à
la leçon de Cézanne, tout comme certaines de ses fleurs et l'un
ou l'autre paysage de Martigues ne sont pas sans faire penser
à van Gogh. C'est dire que cet homme qui, à Remich, menait
une vie assez solitaire, a su méditer l'exemple des maitres les
plus importants, les plus actuels, de la peinture contempotaine.
Il n'a pas pour autant perdu sa personnalité. Même dans
les œuvres qui ont l’accent le plus inattendu, où certains tons
se haussent jusqu'à l'éclat le plus vif, il n'est pas infidèle à
lui-même: toujours une large zone calme ou froide vient tem-
pérer à point l’ardeur des rouges et des jaunes. Et nous ne
tardons pas à nous retrouver dans cet aimable climat que Klopp
a en propre, ce climat où nous sommes à l'abri des soleils ac-
cablants, où la lumière tamisée, virginale, tendre, ne cherche
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