espéces et variétés connues du genre Rosa, qui valurent à
l'artiste le plus de gloire et d'honneur. Du vivant du peintre
déjà, 6 rééditions se sont succédé, sous différentes formes, pour
satisfaire les demandes d’une cientele toujours accrue. Depuis,
le succés n'a fait qu'augmenter et plusieurs éditions récentes,
vite épuisées, prouvent avec force l'actualité des « Roses » de
Redouté.
C'est que ces Roses, à cóté de leur signification scientifique
constante, que Redouté, mieux que personne, arrivait à déga-
ger — ne cultivait-il pas lui-méme des roses dans son pavillon
de Fleury-sous-Meudon? — ont une beauté en soi qui les rend
éternellement actuelles. Sans vouloir entrer dans les idées d'un
chroniqueur de l'époque (Courrier du theätre du 19 décembre
1829) qui, opposant le soin de Redouté à imiter la nature, aux
« créations bizarres » des romantiques, promet au premier une
pérennité de gloire, qu'il dénie aux seconds, il est exact de
constater que les fleurs de Redouté marquent, dans l'imitation
de la nature, un point culminant. Peu de peintres, certes, ont
poussé aussi loin le souci d’imiter la nature, et Redouté, pro-
fesseur de dessin au Jardin des Plantes, successeur de Gerard
van Spaendonck et inventeur d’une technique nouvelle de repro-
duction en couleurs, était servi dans ce dessein par un métier
d'aquarelliste admirable.
Mais en plus de ce metier que son pere et des voyages en
Hollande lui avaient appris, Redouté avait une connaissance
si parfaite des fleurs et il aimait les roses d'un amour si pro-
fond que chaque rose se présentait à lui, non dans son aspect
accidentel, mais dans son essence et dans son épanouissement
absolu. Et, plus que les bouquets peints dans un souci decora-
tif, et à l'imitation de Rachel Ruysch et de Jan van Huysum,
ce sont ces simples branches fleuries, toutes dépouillées
d'aecessoires, qui reflétent le mieux le génie de Redouté tout
de rigueur et d'amour. Isolées, ces roses dessinent, avec une
acuité extréme, sur le fond blane du vélin, comme dans un
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