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MuseoMag N°I 2025
Noël Dolla partage les coulisses de son mode opératoire à ciel ouvert dans la cour de l’atelier Friche municipale du 109, à
Nice. Ici a cours un travail de teinture d’un rouleau de tarlatane dans des couleurs diluées à l’essence: une bonne raison
de travailler à l’air libre.
«LA PENSÉE DOIT CHEMINER
AU REGARD DE L’ŒUVRE»
Entretien avec Noël Dolla, artiste pionnier du mouvement Supports/Surfaces
Noël Dolla est espiègle comme le sont les grands
enfants. Animé d’un éternel feu intérieur, à bientôt
80 ans, l’artiste poursuit sa route, opiniâtre et ferme,
contrant le vent mauvais des diktats de la bien-
pensance. Alerte, il perpétue l’esprit révolutionnaire
du mouvement Supports/Surfaces qui l’a vu naître,
investissant la scène artistique avec engagement,
attentif au temps présent. Entretien avec l’un des
derniers des mohicans à contre-courant.
Toile rouge (1968), actuellement à l’affiche de
notre musée, fait l’objet de la couverture de ce
magazine. Vous souvenez-vous de l’état d’esprit
dans lequel vous avez réalisé cette œuvre, qui
marque vos débuts dans l’art?
Tout a commencé avec ma confrontation avec le
groupe BMPT [ndlr: le collectif formé en 1966 par
les artistes Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel
Parmentier et Niele Toroni]. Je travaillais alors à
partir de l’idée qu’une toile est simplement une
bande de peinture et que cela suffisait. J’avais lu leur
manifeste et je m’étais posé la question: qu’est-ce
qu’il me reste à faire, à moi? Alors, j’ai réalisé une
toile que j’ai peinte en partie en rouge avec une
bande bleue. Je me suis mis à réduire cette bande
à une ligne, et puis de la ligne, je suis passé à son
origine, réduisant la ligne à un point. Ensuite, j’ai
multiplié les points par trois et ça a donné toute
une série de toiles que je marquais par trois points:
c’était juste un marquage sans grand intérêt pour
©
loupio dolla