Full text: MuseoMag 2019_01

14 museomag   01 ‘ 2019 
UN PETIT AIR D’ERNEST… 
MÉMOIRES D‘OUTRE-TOMBE: SUR LES TRACES DE LA DERNIÈRE DEMEURE 
D‘ERNEST D‘AUTRICHE 
«Si l’on vante les tombeaux des rois de France (…), je 
vous dirais que celui de notre héros pourrait y être re- 
gardé par les curieux comme un des plus beaux et des 
plus magnifiques», c’est en ces termes élogieux que 
Cyprien Merjai (1760-1822) décrit, dans ses Voyages 
curieux et utiles, le tombeau de Mansfeld. Celui-ci a été 
élevé dans la chapelle du couvent des récollets, à pré- 
sent détruite, sur la place Guillaume. Merjai est l’un des 
derniers à voir ce tombeau qui s’écroulera quelques 
années plus tard en mai 1819, sous les coups de mar- 
teau. 
À cette date, les statues en bronze de Mansfeld et 
de ses deux épouses étaient devenues la propriété de 
la Fabrique de l’église St Pierre (future cathédrale) de 
Luxembourg qui ne rêvait que de les transformer en 
fonte afin de couler une nouvelle cloche. Ce ne fût pas 
le rapport du gouverneur Willmar qui l’en empêcha en 
les décrivant en ces termes: «Leur valeur, comme objet 
d’art est nulle; comme monument historique, elle est 
encore nulle». 
Depuis, on ne peut plus qu’imaginer ce que fût ce 
monument à travers les descriptions et un dessin de 
Jean-Baptiste Fresez d’un petit modèle en terre cuite 
du gisant de Mansfeld publié en 1848. 
MONUMENTS ET INSCRIPTIONS 
Aujourd’hui, grâce aux recherches menées pour la pré- 
paration de l’exposition Amis/Ennemis. Mansfeld et le 
revers de la médaille et de son catalogue, une nou- 
velle hypothèse a pu être esquissée. En effet, l’épitaphe 
du tombeau de Mansfeld a été inscrite sur une large 
plaque de marbre noir à l’initiative de Charles, un des 
fils naturels du comte. Ce dernier, né à Luxembourg 
en 1590, allait embrasser la carrière ecclésiastique, 
étudiant à Rome et à Louvain. Il fréquente la cour des 
Archiducs Albert et Isabelle à Bruxelles où il est au- 
mônier et maître de cérémonie. 
Auteur de plusieurs ouvrages théologiques en latin, 
il a non seulement composé le texte à la gloire de son 
père, mais a sans doute joué un rôle dans le choix de 
la composition finale du monument. Devenu chanoine 
de la collégiale des Saints Michel et Gudule à Bruxelles, 
Charles Mansfeld connaissait fort bien le monument 
funéraire de l’archiduc Ernest (1553-1595), éphémère 
Un splendide bonnet d’apparat, offert par le Pape Sixte Quint à Ernest d’Autriche, resplendit au sein du Trésor de la Cathédrale à Bruxelles. 
© 
éric chenal
	        
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