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de France. Elle a permis de situer Kutter dans un contexte
européen.
C’est d’abord dans les paysages et les bouquets de fleurs
qu’apparaissent chez Kutter les tendances expressionnistes,
et le Vlaminck d’après 1918 y exerce une certaine influence.
Kutter, dans des paysages aux fortes perspectives linéaires et
notamment dans ses vues enneigées ainsi que dans ses fleurs,
crée des compositions et des formes moins convulsées et plus
solides.
L’Allemagne, où l’artiste luxembourgeois était installé pen-
dant quelques années et où il retournait fréquemment, est
loin de jouer le rôle que tiennent la France et la Belgique dans
son œuvre. L’expressionnisme de Kutter, qui s’intensifie au
cours de la vie du peintre, se ressent plutôt d’influences fran-
çaises et flamandes.
C’est la figure humaine qui occupe une place de choix chez
Kutter. Il se compare moins à un Allemand comme Hofer,
qui ne méprise pas l’anecdote, qu’à des Français comme
Gromaire qui se soucient essentiellement de la forme. Sa
riche palette, semblable aux feux qui couvent sous la cendre,
l’écarte des expressionnistes flamands, de Permeke notam-
ment. Kutter apprécie cependant le monumental du chef de
file de l’expressionnisme belge. Enfin, si ses clowns incitent
à penser à Rouault, il faut reconnaître que les deux peintres
diffèrent de façon notable. Les clowns de Kutter sont plus
tristes, plus désespérés que ceux du maître français. Malgré
des influences diverses, il est indéniable que Kutter, vivant en
solitaire à Luxembourg, a su affirmer son originalité, surtout
dans le domaine de la couleur.
VOLé ET IMMERGé DANS LE RHIN –
LE TRéSOR DES BARBARES
du 22 septembre au 9 décembre 2007
Pendant plus de 1700 ans il était immergé dans les flots du
Rhin ! L’exceptionnel « trésor des Barbares » trouvé près de
Neupotz en Palatinat (à 30 km de Spire) est la plus impor-
tante découverte métallique en Europe datant de l’époque
romaine. Ce trésor est composé de plus de mille objets en
argent, en bronze, en laiton et en fer, et pèse plus de 700 kilos.
Il se compose d’objets métalliques très divers : offrandes vo-
tives, armes, monnaies, vaisselle de table et de cuisine, outils,
accessoires de bateau et de char.
Le Musée national d’histoire et d’art à Luxembourg présen-
tait, dans le cadre d’un projet international, en collaboration
avec des musées d’Allemagne, de France et de Belgique, les
multiples facettes de cette découverte. Les visiteurs pou-
vaient découvrir dans cette grande exposition l’une des plus
passionnantes périodes de l’histoire romaine qu’ont fait
revivre des décors spectaculaires.
Le trésor date d’une période où l’Empire romain traversait
une crise sévère : les Barbares menaçaient la frontière nord-
ouest de l’Empire. Les Germains, poussés par la convoitise
et leur état de dénuement, forcent le limes romain pendant la
deuxième moitié du
IIIe
siècle et envahissent la Rhétie, partie
de l’actuelle Bavière, ainsi que les provinces germaniques et
gauloises de l’Empire romain. Les fermes, les agglomérations
et les sanctuaires sont pillés. Pendant leur raid, les intrus at-
teignent le centre de la Gaule et avancent même jusqu’au
pied des Pyrénées. Un détachement de la flotte romaine du
Rhin, se tenant aux aguets, essaie d’empêcher les Germains
de traverser le fleuve avec leur butin. Pendant le combat qui
s’ensuit, une partie du butin disparaît dans les flots.
À côté du trésor de Neupotz, plusieurs autres découvertes
étaient présentées dans l’exposition : les offrandes votives et
les bijoux du trésor de Hagenbach (près de Karlsruhe). Une
pièce maîtresse de l’exposition a été l’autel d’Augsbourg, l’un
des rares monuments en pierre dont l’inscription constitue un
témoignage précis des invasions germaniques. La riche tombe
germanique de Leuna (en Saxe-Anhalt), avec son mobilier
funéraire composé d’objets romains, prouve que les envahis-
seurs germaniques réussissaient aussi parfois à atteindre la
rive opposée du Rhin et à regagner leurs régions d’origine.
Le Musée national d’histoire et d’art à Luxembourg présen-
tait, en complément de l’exposition conçue par le Musée