Donnant leur envol à ces mondes chaotiques, c’est dans le
choix de la composition que l’action de Zao Wou-Ki sur le cours
des événements devient la plus manifeste. Si les diagonales de la toile
souvent lui servent de guide, de leur intersection naît un centre où
des empätements, des agglomerats de traits acérés évoquent des
crétes rocheuses, des feuilles de bambou, des aiguilles de pin. En
opposant les vides, zones de calmes relatifs, aux pleins, regions de
turbulences, il arrive à Zao Wou-Ki de repousser ces derniéres
jusqu'aux bords et méme dans les coins du cadre de ses tableaux.
Les ouvertures ainsi pratiquées dans le chaos déversent leur amplitude
nacree.
À celui qui aime se promener dans les œuvres de Zao Wou-Ki,
peut venir cette pensée de Léonard de Vinci: «La nature est pleine
d'une infinité de phénoménes qui n'ont jamais fait partie de notre
experience».
Jean Luc Koltz