Full text: Roger Bissière

doucement s’éclaircissent sous l’effet de l’aurore, et en voici d’autres 
dans lesquels s’approfondit le silence du crépuscule. Il se peut que 
le titre indique la réalité à laquelle l’artiste a fait allusion. Mais 
il arrive aussi que, se bornant à désigner l’accord de couleurs qui 
domine sur la toile, il n’apporte aucun éclaircissement, ne suggère 
aucune interprétation. Néanmoins, dans les deux cas, nous avons 
affaire au même genre de peinture, d’autant plus que nul titre n’est 
capable de cerner tout le contenu de ces oeuvres. Ce que les unes et 
les autres nous font découvrir en dernière analyse, ce sont des sen- 
sations et des sentiments transposés dans une création picturale, avec 
ce que cela implique de nouveau, d’imprévisible et d’ineffable. 
Quant à la sensibilité et à l’imagination qui déterminent la nature 
de cette création, elles sont fines et délicatement chaleureuses. Rien 
de dur chez Bissière, rien de lourd, rien d’orgueilleux non plus. Ce 
n’est point par hasard qu’il a cité «le petit frère d’Assise», dont il 
a d’ailleurs illustré le Cantique à notre frère Soleil par une série 
d’exaltantes gravures. Un lyrisme fervent et grave se matérialise 
dans ses oeuvres, mais on n’y trouve pas d’emphase et pas de cris. 
Même dans le Journal qu’il peint en 1962-64 après la mort de 
sa femme, Bissière exprime ses déchirements avec réserve, préférant 
aux éclats de voix qui se veulent bouleversants la parole murmurée 
qui s’insinue lentement dans notre âme.
	        
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