PREFACE
ON peut considerer l’expressionnisme des points de vue les
plus divers. Par son style, il est l'enfant révolutionnaire
de l'impressionnisme, car il remplace l'impression par l'expres-
sion, et à l'image qui reproduit la réalité il substitue l'image qui
en révéle la signification. Révolutionnaire, il l'est également du
point de vue social puisqu'à la douce quiétude bourgeoise de
l'époque précédant la premiére guerre mondiale, il oppose la
mise en accusation de la société et l'appel à la rénovation. Dans
l'histoire de l'art des différentes nations, il est avant tout un
phénoméne allemand qui, en se basant sut une vieille tradition
de l'Allemagne, subotdonne l'hatmonieuse beauté à la force de
l'expression.
Cependant, plus nous nous éloignons de l'événement histo-
rique qui s'est produit dans la premiére décade de ce siécle,
mieux nous discetnons ce qu'il avait d'européen. Il y a non
seulement le fait que les initiateuts de ce mouvement sont les
Frangais Cézanne et Gauguin aussi bien que le Hollandais van
Gogh, le Suisse Hodler et le Norvégien Edvard Munch; nous
remarquons en outre que les «Fauves» en France et la «Brücke»
en Allemagne frappent déjà plus à l'heure actuelle par la simul-
tanéité et la similitude de leurs recherches que par leurs diffé-
rences. De part et d'autre, c'est le méme souci d'expression, c'est
la méme ardeur à réclamer des formes simplifiées ainsi que des
couleurs claires et vives. L'art des Primitifs est découvert et
aimé à Paris avec la méme passion qu'il l'est à Dresde par les
peintres de la « Brücke ». L'Océanie attire Gauguin aussi bien
que Nolde et Pechstein, l'Afrique du Nord séduit Matisse de
méme que Macke et Klee. Le « Blaue Reiter » fondé à Munich
en 1911 possède, lui, un caractère nettement européen, puisqu'il
a pour membres non seulement les Allemands Franz Marc et
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