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S! cette exposition avait pu étre telle que nous l'avions congue,
le visiteur y trouverait d’abord des tapisseries du XIV*, du
XVe et du début du XVI® siècle. C’est à cette époque-là en effet
que se situe l’âge d'or, l'âge classique de cet art, c'est à cette
époque-là qu'ont été créées les tentures les plus poétiques, les
plus ravissantes et les plus conformes à la nature de leur matière
et de leur destination.
Aux XVIIe et XVIII* siécles, la tapisserie abandonna pro-
gressivement son génie propre pour se mettre au service de la
peinture et se faire le double du tableau de chevalet. Et si au
début elle réussit néanmoins à garder une vie brillante, elle se
dénatura complètement au XIX° siècle où finalement il ne lui
restait plus d'autre mérite que celui de témoigner d'une habileté
manuelle prodigieuse mais stérile.
Elle vient de renaître grâce aux recherches de la peinture
moderne en général et d’un certain nombre d'artistes contempo-
rains en particulier. Depuis quelques années, elle est redevenue
à la fois une chose actuelle et une chose qui a renoué avec [a
tradition, un art libre, autonome, uniquement respectueux des
lois sur lesquelles se fonde son originalité.
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Les artisans de cette renaissance sont aussi conscients des
ressoutces ide leur matiére, la laine, que des possibilités du métier
auquel il leur faut avoir recours pour changer en tapisserie leur
carton. Ils n'oublient pas que la première se prête moins aux
subtilités qu’à ‘la franchise et à l'éclat et que le second ne crée
jamais plus de richesse que s'il a la permission de rester simple
et sans fausse prétention. Ils ne perdent pas de vue non plus que
leur mission est d’orner un mur, c'est-à-dire de le respecter, de ne
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