,Mais la curiosité publique est vivement excitée et avec raison, par une exposition industrielle, la première de ce
genre parmi nous, et qui prouve non seulement les progrès sérieux que de grandes industries y réalisent, mais
prouve encore que l’intelligence industrielle des Luxembourgeois est rassurante pour l’avenir.” Le même
journal donnera un peu plus tard la liste complète des participants auxquels j'ai été distribuée; on peut s’y
rendre compte que j'ai été remise en 13 exemplaires de ,,vermeil”, en 16 exemplaires ,d’argent” et en 33
exemplaires de bronze.
Étant hautement officielle, j’ai eu droit aux armes couronnées du pays, qui ornent mon avers. Mon revers porte,
au centre d’une double couronne de laurier et de chêne, la dédicace gravée au nom de: MICHEL Frères
à Luxembourg, récipiendaires d’un de mes 16 exemplaires en ,argent” (du bronze argenté, en fait). Il s’agit de
Pierre, de Jean et de Jacques Michel, fabricants de chapeaux à l’enseigne ,Au chapeau géant”, rue Beaumont
11 & 13, à Luxembourg-Ville, où ils exercèrent leur métier depuis 1830 environ jusqu’après 1886.
Les documents qui m’accompagnent dans la vitrine illustrent différents aspects du métier. Ainsi, le gros volume,
ouvert à l’année de ma naissance, contient-il copie des papiers d’affaires de 1845 à 1856 et de nombreux
spécimens de bordures et autres garnitures en étoffe. Parmi les autres documents exposés, il convient de relever
le sauf-conduit pour Nancy, daté du 29 janvier 1859 et signé de la main de M. Mathias Simons, Ministre d’État,
Président du Gouvernement. ou encore cette facture de Jean Michel à son frère Georges à Metz, datée du 18
février 1887, dans laquelle sont relatées, en note, les funérailles de Mgr Adames, évêque de Luxembourg: Mgr.
Adames vient de mourir dimanche passé, on l’a enterré hier dans la chapelle au Glacis, le convoi et les services
étaient presque si pompeux qu’à l’enterrement du prince (Henri des Pays-Bas) (,) toute la ville était pavoisée de
deuil (,) le corbillard de 1*“ classe (a) était traîné par 4 chevaux (,) il y avait l’évêque de Metz, celui de Trèves et le
nonce de la Haye ainsi que d’autres personnages distingués et presque tous les curés du pays; le cortège
a commencé (sic) de 11/> heures jusqu’à 2 heures.” — J'attire aussi l’attention sur le cahier qui contient
l’inventaire général arrêté au 15 avril 1886, très précieux pour le spécialiste, qui peut y trouver la liste complète
de l’outillage et des matières, chimiques et autres, nécessaires à la fabrication des chapeaux.
Par les exemples cités, on peut facilement se rendre compte que les documents qui m’entourent offrent une mine
de renseignements au chercheur…”
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