fullscreen: Francisco Borès (1898-1972)

tendre que le sujet ne l'intéresse point, mais on ne se trompe certaine- 
ment pas en disant qu'il n'y voit pas l'essentiel. Lorsqu'on l'a identifie, 
on n'a donc pas encore lu, compris le tableau. 
Du reste, les sujets, d'habitude, n'ont rien d'extraordinaire. S'il 
ne s’agit pas de natures mortes ou de paysages, ils sont fournis le plus 
souvent par la vie de tous les jours, une vie calme, «sans histoires». 
Une femme qui se peigne, essaie une robe ou se déshabille, étale (pudi- 
quement) sa nudité, joue du piano, arrange des fleurs; un enfant, une 
fillette, qui regarde un ours en peluche, tient un ballon ou un cerceau; 
une jeune fille qui est en train de lire ou de réver. Bref, du banal, du 
quotidien, du familier. Et pourtant la premiére sensation que l'on 
éprouve en face de ces oeuvres, c'est la surprise. 
D’où vient-elle? Est-elle provoquée par le fait que Borés choisit 
des angles de vue insolites? De temps en temps peut-étre. Mais il y 
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a autre chose qui importe davantage. Borés ne représente pas, il pré- 
sente. Son but est moins de montrer des personnages et des objets que 
de les métamorphoser en éléments picturaux. Et c'est dans l'écart entre 
ce qu'ils sont réellement et ce qu'ils deviennent dans ses oeuvres que se 
révéle l'exaltante faculté créatrice de l'artiste. 
Différents traits caractérisent le monde pictural de Bores. La pro- 
fondeur de l'espace, la troisième dimension n’y est pas ignorée, mais 
elle est réduite. Les objets ont tendance à venir vers nous, non pas en
	        
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