Full text: Roger Bissière

dessinés à l’aide de quelques lignes «maladroites», les personnages s’y 
réduisent à des bonshommes. Bien que leurs visages, qui normalement 
se présentent de face, ne soient pas sans expression, que nous y voylons 
notamment les regards qui nous fixent avec quelque insistance, leurs 
contours se soumettent à la structure du tableau; mieux, ils sont des 
éléments de cette structure, et, comme Klee, Bissière aurait pu 
expliquer son dessin par le souci de laisser à ses lignes une élémentaire 
pureté. D'ailleurs, vers le milieu des années cinquante, il renonce à 
toute figuration, et elle ne reparaîtra plus que dans quelques oeuvres 
qu’il exécutera vers la fin de sa vie. 
Est-ce à dire que dorénavant il refuse ou réduit les contacts 
avec le monde extérieur? Nullement. Nous remarquons même qu’il les 
rend plus étroits. Il efface les objets, mais conserve leur suc, leur 
essence, leur charge poétique. Il traduit l’empreinte qu’ils ont laissée 
dans sa sensibilité et témoigne de la ferveur que leur présence ou leur 
souvenir ont suscitée dans son âme. Voici en effet des verts qui ne 
revêtent pas des plantes ou des feuillages, mais qui évoquent des 
jardins, des prairies, des forêts, tantôt une nature jeune, printanière, 
gonflée par l’acidité de la sève qui revient, tantôt une nature que la 
pluie a saturée de fraîcheur, de vitalité ou que le soleil de l’été a 
mûrie. Voici non pas une terre labourée, mais des bruns qui nous la 
rappellent en même temps qu’ils nous font penser à des troncs d’arbres 
ou à des meubles rustiques patinés par les siècles. Voici des gris qui
	        
Waiting...

Note to user

Dear user,

In response to current developments in the web technology used by the Goobi viewer, the software no longer supports your browser.

Please use one of the following browsers to display this page correctly.

Thank you.