En 1929, une DUNE et une MARINE ; quelques années plus tard,
une NATURE MORTE AUX CARTES et un INTÉRIEUR A LA MAPPEMONDE :
dés le début de sa carriére, le jeune Le Moal pose les deux póles qui, d'un
bout à l'autre de celle-ci, aimanteront sa production. Paysagiste et intimiste,
tel se trahit-il d'emblée, tel demevurera-t-il toujours. Paysagiste, c'est-à-dire
tourné vers le monde extérieur, à l'écoute de ses voix, soucieux d'emprisonner
quelques-unes de ses forces vives dans le filet de la toile strictement archi-
tecturée. Intimiste, c'est-à-dire replié sur soi et sur ce prolongement, cette
image de soi qu'est l'intérieur dans lequel on vit, que l'on faconne à sa
ressemblance, et où les confidences des objets sont moins chargées de
secrets qui les concernent que de révélations qu'ils nous font sur nous-
même. Ouvert à l'univers entier et renfermé sur soi, sur son propre mystère,
mais, par ces deux canaux, en relation avec ce quelque chose de plus vrai
que les apparences, de plus fort, de plus grand, de plus important, l'essentiel,
ainsi s'affirme, au seuil de sa vie d'artiste, Le Moal.
C'est plutót d'abord à l'intimiste qu'il laissa la parole. Même les pay-
sages qu'il mutiplia pendant l'Occupation et au lendemain de la Libéra-
Hion ont l'accent recueilli, l'atmospheére confinée, le ton grave et méditatif
qui appartiennent généralement en propre aux «Stilleben » et aux inté-
rieurs : que l'on pense à Chardin, dont il n'avait pas copié en vain, en 1930,
la NATURE MORTE A LA PIPE. Ports bretons, arbres du bocage de l'Ouest,
grèves picardes, toute la nature chante la même mélodie en mineur que les
meubles, les humbles ustensiles de ménage, les lampes, les mappemondes,