16 MuseoMag N°I 2025 Noël Dolla partage les coulisses de son mode opératoire à ciel ouvert dans la cour de l’atelier Friche municipale du 109, à Nice. Ici a cours un travail de teinture d’un rouleau de tarlatane dans des couleurs diluées à l’essence: une bonne raison de travailler à l’air libre. «LA PENSÉE DOIT CHEMINER AU REGARD DE L’ŒUVRE» Entretien avec Noël Dolla, artiste pionnier du mouvement Supports/Surfaces Noël Dolla est espiègle comme le sont les grands enfants. Animé d’un éternel feu intérieur, à bientôt 80 ans, l’artiste poursuit sa route, opiniâtre et ferme, contrant le vent mauvais des diktats de la bien- pensance. Alerte, il perpétue l’esprit révolutionnaire du mouvement Supports/Surfaces qui l’a vu naître, investissant la scène artistique avec engagement, attentif au temps présent. Entretien avec l’un des derniers des mohicans à contre-courant. Toile rouge (1968), actuellement à l’affiche de notre musée, fait l’objet de la couverture de ce magazine. Vous souvenez-vous de l’état d’esprit dans lequel vous avez réalisé cette œuvre, qui marque vos débuts dans l’art? Tout a commencé avec ma confrontation avec le groupe BMPT [ndlr: le collectif formé en 1966 par les artistes Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier et Niele Toroni]. Je travaillais alors à partir de l’idée qu’une toile est simplement une bande de peinture et que cela suffisait. J’avais lu leur manifeste et je m’étais posé la question: qu’est-ce qu’il me reste à faire, à moi? Alors, j’ai réalisé une toile que j’ai peinte en partie en rouge avec une bande bleue. Je me suis mis à réduire cette bande à une ligne, et puis de la ligne, je suis passé à son origine, réduisant la ligne à un point. Ensuite, j’ai multiplié les points par trois et ça a donné toute une série de toiles que je marquais par trois points: c’était juste un marquage sans grand intérêt pour © loupio dolla