5 N°I 2025 MuseoMag EXPOSITIONS que nous devons à la passion, au dévouement et à l’investissement personnel de plusieurs membres de l’équipe du musée. Le vernissage a d’emblée témoigné de la popularité de l’évènement auprès des Portugais, enregistrant plus de 700 participants le jour de l’ouverture festive. Le week-end portes ouvertes des 8-9 juin, à la veille de la Fête nationale du Portugal, a lui aussi connu une affluence remarquable, avec la participation de nombreux acteurs du tissu associatif et culturel, mais aussi de médiateurs issus de la nouvelle génération portugaise, comme les artistes Liliana Francisco et Steven Cruz que le musée a mobilisés pour réaliser un carnet d’exposition pour jeunes qui entretemps est devenu un vrai objet de collection. L’exposition d’Alfredo Cunha, montée en guise de pendant photographique à l’affiche historique avec le concours du Museu do Neo-Realismo (Portugal), a permis d’attirer un public plus large. Pour illustrer notre propos, citons l’expérience de visiteurs: Ana, Nuno et leur fils Afonso, qui se sont établis au Luxembourg il y a moins d’un an, ont par- ticipé à une des visites guidées « Faces and Traces » de l’exposition Cunha proposée par Vera Herold. Les portraits des retornados (ceux qui sont retournés des anciennes colonies) sont très familiers à Nuno, ancien membre de l’équipage du fret aérien assurant le rapatriement de milliers d’anciens colons. Lors de la visite, il en parle avec émotion. Ana, sa compagne, se souvient que son père avait combattu dans la guerre d’Outremer, au Mozambique, et n’avait plus voulu y retourner. Au cours de cette visite comme lors de tant d’autres, les souvenirs affluent, les langues se délient et le partage est à fleur de peau. UNE RÉVOLUTION ROMANTIQUE Les historiens Irene Pimentel et Victor Pereira, la journaliste Anabela Mota Ribeiro, l’ancien correspon- dant du Monde au Portugal José Rebelo, comptent parmi les nombreuses personnalités qui à l’invitation du musée se sont rendues au Grand-Duché pour évoquer une page d’histoire dont les répercussions ont largement dépassé les frontières nationales et perdurent toujours dans la mémoire collective. « Un mouvement révolutionnaire sans morts, mené par de jeunes capitaines en liaison étroite avec les classes populaires. Des bouquets d’œillets fleurissant les blindés qui défilaient le long des rues et des ave- nues de Lisbonne... Impossible d’imaginer un autre scénario plus romantique », synthétise José Rebelo dans son recueil de chroniques écrites pour Le Monde (La Révolution des Œillets – du pouvoir po- pulaire au pouvoir parlementaire). Un engouement historique qui à l’époque aimante même des intellec- tuels étrangers tels que Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, ou encore des jeunes qui rêvent de par- ticiper à la révolution – comme le Luxembourgeois Serge Kollwelter, fondateur historique de l’União et de l’Association de soutien aux travailleurs immigrés (ASTI), qui a vécu de près l’effervescence révolution- naire lors de son séjour estival en 1975. À l’époque, il squattait un immeuble à Lisbonne avec d’autres jeunes, et se rendait aux endroits stratégiques où l’histoire s’écrivait au fil des jours. « L’utopie avait une place », a-t-il résumé en marge d’une mémo- rable table ronde organisée par le musée, et que j’ai eu l’honneur de modérer en présence de témoins venus du Luxembourg et du Portugal. DES TÉMOINS PRÉCIEUX Parmi eux, il y avait Manuel Malheiros, visiblement ému de convoquer ses mémoires personnelles au cours de cette rencontre symboliquement organi- sée au Casino syndical de Bonnevoie. Cet homme a été le témoin direct de l’agitation politique du PREC puisqu’il a été ministre du cinquième gouverne-