22 
MuseoMag   N°IV 2024 
Lors de la saison 1 de son programme, Anabela Mota Ribeiro reçoit Djaimilia Pereira de Almeida (*1982, Luanda), docteure 
en Théorie de la littérature. La journaliste relève qu’en 1982, le Portugal comptait à peine 130 titulaires de doctorat - dont 35 
femmes. En 2012, date de la soutenance de son invitée, ce chiffre passe à 2.232 docteur.e.s, dont 1.209 femmes. 
© 
estelle 
valente 
«MOI AUSSI JE SUIS UNE ENFANT DE 
L‘AUBE» 
Entretien avec la journaliste Anabela Mota Ribeiro, autrice du programme télévisé 
Os filhos da madrugada 
Le jeudi 17 octobre à 19h, la Bibliothèque nationale 
du Luxembourg reçoit Anabela Mota Ribeiro – 
ainsi que le photoreporter Alfredo Cunha – en 
partenariat avec le Nationalmusée. Cet événement 
fait partie de notre riche cycle de conférences 
autour de l’exposition La révolution de 1974. Un 
thème sur lequel la journaliste se penche depuis 
2021, date à laquelle elle présente à la télévision 
publique portugaise RTP une première série 
d’émissions originales reposant exclusivement 
sur des entretiens avec des personnes nées 
après le 25 avril. Ce programme s’appelle Os 
filhos da madrugada [Les enfants de l’aube] et 
vient de connaître, à l’occasion du jubilé de la 
transition démocratique au Portugal, sa troisième 
et dernière saison. Lors de la conférence «Les 
visages de la démocratie» à la BnL, Anabela Mota 
Ribeiro évoquera le fruit de cette expérience 
avant de dialoguer avec le photographe à l’affiche 
du musée. Entretien. 
Le public a l’habitude de vous voir à la télévision 
dans le cadre de programmes culturels: il a pu 
être surpris par Os filhos da madrugada, une série 
d’entretiens à dimension socio-historique. D’où 
vous est venue l’idée? 
En tant que journaliste, mon domaine de prédilec- 
tion est de fait la culture. Toutefois, ayant privilégié 
l’interview comme registre journalistique et mode 
de dialogue au fil de mon parcours, j’ai aussi été 
amenée à interroger des acteurs d’autres secteurs. 
L’idée de ce programme m’est venue lors de la 
pandémie, en 2020: pendant le confinement, des 
mémoires personnelles et collectives se sont 
ranimées et entremêlées. J’ai songé à ma mère et au 
fait qu’à ma naissance (je suis née en 1971), elle se 
trouvait à mille lieues de son mari mobilisé par la 
guerre coloniale en Afrique. Comment ces personnes 
faisaient-elles pour communiquer et continuer à 
vivre avec l’absence, la distance et la menace de 
mort? J’ai pensé à mes parents, comment ils ont 
traversé cette période de terreur, en nombre de 
points semblable à celle que nous avons récemment 
vécue enfermé.e.s à domicile. 
Par ailleurs, la pandémie a ramené nombre de 
femmes au foyer: elles ont soudain été réduites 
aux tâches ménagères, répondant aux besoins de 
survie élémentaires du quotidien (repas, ménage,