24 museomag 02 ‘ 2023 La table ronde sur les successions d’artistes modérée par Paul Bertemes (à g.) a réuni Marlène Kreins (Op der Schmelz), Jamie Armstrong (Lëtzebuerger Konschtarchiv), Dr. Andreas Bayer (Institut für aktuelle Kunst im, à Sarrelouis) ainsi que Frank et David Michels, les fils de l’artiste Gast Michels (1954-2013). © sonia da silva PRÉPARER LA POSTÉRITÉ TOUT EN PONDÉRANT SA LEGITIMITÉ LES SUCCESSIONS D’ARTISTES: RETOUR SUR LA TABLE RONDE CO-ORGANISÉE AVEC LE CERCLE CITÉ Vendredi 20 janvier, fin de journée. Tandis qu’une nouvelle semaine de travail s’achève et que la première neige de l’année s’invite sous un ciel morose, plaçant le Luxembourg en alerte jaune, la salle Henri Beck appelée à accueillir une table ronde sur «les successions d’artistes et leur avenir» s’emplit graduellement, comme par enchantement. Déterminés, les inscrits ne font pas faux bond, et quelques non-inscrits trouvent encore l’un ou l’autre siège libre dans l’auditorium bondé. C’est ainsi que le Cercle Cité, coorganisateur de l’exposition Gast Michels (1954-2013). Movement in colour, form and symbols, clôture sur un véritable succès public son volet d’exposition dédié à l’œuvre sur papier de l’artiste. Autour de la table se trouvent réunis différents représentants de la scène artistique particulièrement concernés par la question: il y a tout d’abord les frères Frank et David Michels, en charge du Gast Michels Estate et sans qui l’exposition n’aurait pas été possible; Marlène Kreins, e.a. responsable des centres d’art de Dudelange qui ont récemment accueilli deux expositions monographiques (Dominique Lang et Jean- Pierre Adam); Dr. Andreas Bayer, directeur de l’Institut pour l’art actuel à Sarrelouis auquel est rattaché un centre de recherche sur les successions d’artistes; Jamie Armstrong, responsable du Lëtzebuerger Konschtarchiv affilié au MNAHA et enfin, en qualité de modérateur, Paul Bertemes, galeriste, critique d’art et fils de feu l’artiste Roger Bertemes. L’HÉRITAGE D’UNE RESPONSABILITÉ Hériter de l’œuvre artistique d’un de ses proches soulève une foule de questions – sur le plan logistique, artistico-critique, archivistique, sociologique, éthique et émotionnel, sans parler du volet financier et fiscal – qu’il conviendrait, pour des raisons de conservation comme de responsabilité morale, d’aborder du vivant de l’artiste. Or le plus souvent, ces prédispositions n’ont pas lieu. Lorsqu’au décès de leur père en 2013, les frères Michels se retrouvent devant une vaste œuvre éparpillée sur quatre sites (trois ateliers au Luxembourg – un d’hiver, un d’été, un autre dédié au travail sur métal – et un dernier dans le sud de la France), ils prennent