25 04 ‘ 2022 museomag MAIN DANS LA MAIN ne sont certes pas des œuvres d’art, mais leur bonne conservation est essentielle pour la durabilité de notre projet. Du sur mesure permettrait de résoudre plusieurs problèmes d’un coup: protection du pourtour en bois, gestion des différents formats, vue d’ensemble sur les cartons nécessaires pour l’encadrement et stockage sur un espace réduit. Les responsables de la menuiserie et des restaura- teurs ont planché ensemble sur la question, les pre- miers pour la forme, les seconds pour le revêtement. Il nous fallait des conteneurs mobiles, solides et compar- timentés avec un recouvrement molletonné, glissant et inerte, chimiquement s’entend. Nous avons opté pour un agencement par taille dans des caissons en bois sur palettes comprenant un ou plusieurs volumes subdi- visés par des glissières qui guident les cadres lors du rangement. Un casier unique dans la partie supérieure est destiné à déposer des cartons neutres adaptés à la taille des cadres rangés en-dessous. Ils servent de remplissage sur l’arrière en fonction de l’épaisseur de l’œuvre qui sera présentée. Les plateaux et coulisses reçoivent un velours en polyester afin de garantir l’effet de glisse et la durabilité du tissu sans attirer d’éventuels nuisibles. Le choix de la qualité et la nuance du tissu permettent un réassortiment dans le temps. Le ton foncé évite un encrassement trop rapide. Dans un premier temps, la menuiserie a manufacturé les caissons dans un bois multiplex. Ensuite, en fonc- tion du temps restant entre les divers travaux courants du musée, une équipe conjointe de restaurateurs et menuisiers a entamé le garnissage des rangements: découpe du tissu sur mesure pour les étagères et les barres de séparation, couture des angles du textile et tension des coupons avec agrafage invisible sur les différentes pièces. Les agrafes rendent le travail réversible et le tissu substituable le cas échéant. Les fixations cachées évitent de faire des griffes lors de l’introduction des cadres dans leur emplacement. Une fois toutes les pièces garnies, les rails ont été vissés aux pla- teaux et mis en place dans leurs boîtes. Les cadres peuvent doré- navant être faci- lement enfilés dans leurs meubles de rangement, le velours rendant les surfaces parfaitement coulissantes et agréables au toucher lors des manipulations de ran- gement. Enfin, il va sans dire que ces opérations de manu- facture collective permettent, dans le cadre de plages de travail un peu plus creuses de l’agenda du musée, de se retrouver autour d’un projet de travail original qui favorise l’interdisciplinarité des ateliers et l’esprit d’équipe. Et en la matière, tout est bon pour tisser des liens, même les chutes de velours. En effet, il sem- blerait que certaines auraient même été mises à pro- fit pour confectionner une poupée vaudou censée protéger l’atelier de menuiserie. Histoire d’enfoncer le clou du compagnonnage. Muriel Prieur