22 museomag 02 ‘ 2022 choisis, en toute liberté. Je suis la conséquence de mes actes. Comment vous expliquez-vous la fascination que l’Iran continue d’exercer sur l’Occident? Je ne sais pas si l’Occident est fasciné par l’Iran. On continue de me demander si je parle arabe! C’est dire la méconnaissance crasse de l’Iran! La Perse est une vieille civilisation, il est naturel qu’elle soit étudiée. Par contre, je constate que rares sont les Occidentaux qui connaissent cette civilisation et ses beaux restes. Qui sait en France ou ailleurs – sauf les spécialistes – qu’à chaque solstice d’hiver (les 20, 21 ou 22 décembre), les Iraniens décorent les cimes des sapins d’une étoile depuis près de 5000 ans et ce jusqu’à aujourd’hui, malgré les mollahs et l’Islam? Que cette «nuit du destin» était le plus grand concurrent du christianisme naissant? Que cette fête explique la date de naissance de Jésus le 24 décembre dans une optique de concurrence entre religions? Qui sait que la fête la plus suivie en Iran n’est pas une fête religieuse, mais le Norouz païen? Le nouvel an Zoroastrien du 21 mars, qui marque la nouvelle année? Je ne sens pas de fascination mais de l’inculture. Croyez-vous qu’un jour, l’Iran puisse fournir l’illustration d’un islam moderne et tolérant? L’Iran est chiite, ce qui est censé être un islam moderne et tolérant… Si Khomeiny n’avait pas lu Sayyid Qutb, le sunnite, le penseur des Frères musulmans, la révolution islamique ne serait jamais arrivée en Iran. La révolution constitutionnelle de 1905 en Iran avait acté la séparation du politique et du religieux, propre au chiisme. En 1965, c’est le clergé chiite iranien qui a demandé l’exil de Khomeiny qui voulait voir les religieux reprendre en main le politique. Sacrilège! Si le clergé chiite a fini par soutenir Khomeiny et se faire avaler par la pensée sunnite, ce sont les réformes agraires qui s’attaquaient aux biens des religieux qui en furent la cause. Il n’en demeure pas moins que le chiite possède un «...TOUT COMME JE REFUSE LA RÉÉCRITURE HISTORIQUE.» (2/2) Abnousse Shalmani nous a ouvert son album de famille: «Ces images datent du 1er avril 1979, le jour du référendum qui confirma Khomeiny au pouvoir et aussi de mon anniversaire. Au lendemain de ce jour lugubre, l’Iran s’est couvert de noir.»