14 museomag 02 ‘ 2022 «DÉTRUIRE, C’EST DÉTRUIRE LA MÉMOIRE ET DONC L’HISTOIRE» (1/2) LA GUERRE COLONIALE PORTUGAISE SOUS L‘ÈRE DICTATORIALE DE SALAZAR ET LA QUESTION DE LA DÉSERTION Entretien avec Irene Flunser Pimentel, spécialiste de l‘histoire contemporaine du Portugal et pionnière dans la recherche sur l‘ère dictatoriale sous Salazar au Portugal. Elle sera l‘invitée du MNHA le 16 juin pour une conférence dans le cadre de l‘exposition «Le passé colonial du Luxembourg». Le Portugal a la triste réputation d’avoir été le dernier des grands pays colonisateurs européens, enlisé jusqu’en 1974 dans une guerre d’usure sur trois fronts africains (Angola, Mozambique, Guinée-Bissau). Comment expliquer pareil en- têtement sous un régime dictatorial périclitant? Déjà, il faut dire que le colonialisme portugais a fait partie de tous les régimes portugais jusqu´à l’«Etat Nouveau» de Salazar. Il faisait partie du régime monarchiste et de la Ière République portugaise (1910-26). En 1930, Salazar, ministre des Finances et des Colonies, établit l´Acte Colonial, un document constitutionnel définissant la nouvelle notion d´Empire Colonial. La longévité de la dictature au Portugal (1932/33-1974) introduit quelques changements à cet Acte, surtout en 1951, quand une révision Irene Flunser Pimentel: «Le Luxembourg a aussi reçu des déserteurs et réfractaires du Portugal, par-delà les émigrants économiques.» © pedro medeiros