4 museomag 02 ‘ 2021 L‘exposition illustre également le rôle de Brandy dans l’histoire de l’art du Luxembourg comme un des pionniers de la professionnalisation de l’artiste indépendant. LE PIONNIER BIEN-AIMÉ (1/2) GRANDE RÉTROSPECTIVE CONSACRÉE À L‘ARTISTE LUXEMBOURGEOIS ROBERT BRANDY POUR SES CINQUANTE ANS DE CARRIÈRE © éric chenal Dans l’histoire de l’art du Luxembourg, Brandy fait partie d’une poignée d’artistes luxembourgeois qui font des propositions novatrices dans les années 1970-1980. Il s’inspire d’abord des leçons de prédécesseurs comme Paul Cézanne (1839-1906) ou Joseph Kutter (1894- 1941). Ses études à l’École des Beaux-Arts d’Aix-en- Provence lui font découvrir les enseignements des artistes du mouvement Supports/Surfaces. Il déve- loppe alors une sensibilité particulière pour la maté- rialité de l’œuvre, en jouant avec les objets, la toile et les couleurs, en somme, avec les supports et les sur- faces. Il décline par la suite tout au long de sa car- rière son vocabulaire stylistique de diverses manières. L’exposition Robert Brandy face à lui-même. 50 ans de carrière donne à découvrir différentes facettes du travail de Brandy (peinture, dessin, sculpture, installa- tions, livre d’artistes/sérigraphie). À travers plus de soixante-dix œuvres, l’accrochage chronologique permet d’esquisser l’évolution de son style depuis ses débuts jusqu’à nos jours. Dès l’entrée de l’exposition, le regard du visiteur est sensibilisé aux caractéristiques plastiques de l’œuvre de Brandy. Le jeu de supports et de surfaces, tellement fondamental, est mis en avant par une œuvre présentée de face et de revers. Mis en lumière, tous les éléments plastiques se dévoilent à travers la transparence de la toile: les fines couches de peintures comme des traces d’un battement gestuel, des collages, des inscriptions, mais avant tout une gamme chromatique subtile, avec des pigments naturels et de la colle de peau, le châssis et la croix, une structure en filigrane avec un milieu, une base et une partie haute. EXPLORATION DE LA TOILE-OBJET L’accrochage se poursuit de manière chronologique en trois périodes: premièrement, de 1971 à 1979, les débuts avec les influences de Joseph Kutter, de Paul Cézanne et du mouvement Supports/Surfaces. Débute alors la période blanche qui va aboutir à la consécration de l’artiste, représentant le Luxembourg à la XIe Biennale de Paris en 1980. La seconde période, de 1979/1980 à 1996, confirme cette volonté de jeu supports/surfaces, avec des installations et la création d’ensembles inté- grés constitués de mises en boîtes d’objets de rebut, de morceaux de bois, de bouts de toiles, de charpies,