17 03 ‘ 2020   museomag 
PATRICK SAYTOUR AU FËSCHMAART: 
UN CAS UNIQUE 
ÉCHANGE AVEC BERNARD CEYSSON, GRAND SPÉCIALISTE DE SUPPORTS/SURFACES 
ET FLORENCE RECKINGER, PRÉSIDENTE DES AMIS DES MUSÉES LUXEMBOURG 
Le MNHA va très prochainement recevoir un re- 
marquable don des Amis des Musées: le Pliage, de 
l’artiste Patrick Saytour, le dernier représentant 
du groupe Supports/Surfaces. Cette œuvre mo- 
numentale qui date de 1969 va compléter à mer- 
veille notre collection relative à ce mouvement. En 
plus, la donation des Amis des Musées s’accom- 
pagne de deux dons de l’artiste, dont un incroy- 
able assemblage datant de 2006. Il sera doréna- 
vant possible de présenter au Fëschmaart une vue 
d’ensemble de la carrière de l’artiste français. 
Entretien avec Bernard Ceysson dont la galerie 
Ceysson & Bénétière a présenté l’année dernière 
une rétrospective Patrick Saytour. 
Monsieur Ceysson, pouvez-vous nous préciser les 
particularités de cette œuvre? Il existe bien trois 
différentes versions de ce Pliage de 1969…   
On ne peut pas vraiment parler de versions, mais plu- 
tôt d’une série d’œuvres résultant de pliages et de 
déperditions de la matière picturale dont une couche, 
passée, imprégnée, à la surface supérieure de tissu 
résultant du pliage de la toile, se diffuse, «capillarise», 
comme disent certains artistes de ce «groupe», dans 
les strates de la toile pliée. 
Dans quelles collections sont-elles présentes? 
Il existe, à ma connaissance trois œuvres de ce type de 
grandes dimensions dont l’une, à dominante de violet, 
appartient à une grande collection privée sud-améri- 
caine dont certaines œuvres sont déposées au musée 
de Philadelphie et l’autre, à dominante de terre brune, 
est désormais dans la collection du Hirshhorn Museum 
and Sculpture Garden, à Washington. 
Ce Pliage représente selon votre formule «la figure 
absente». Pouvez-vous expliciter? 
Si l’on s’en tient à la vulgate de la pensée Supports/ 
Surfaces – j’emploie ce génitif absolu à dessein car, à 
l’époque, certains «théoriciens» parlaient de la pensée 
Mao Tsé-tung comme on dit La Chaise-Dieu, l’Hô- 
tel-Dieu –, cette œuvre ne serait que le fait d’un pro- 
cessus. Elle en serait, picturalement, le «récit» substitué 
à l’Historia, une fois le tableau déconstruit, la toile tra- 
vaillée au sol, comme l’avait fait Pollock, «bord à bord», 
pour employer une formule de Simon Hantaï. Ce que 
Clement Greenberg qualifiait par le terme ‘painterly’, 
Patrick Saytour, «Pliage», 1969, acrylique sur tissu, 218 x 460 cm (Don des Amis des Musées Luxembourg) 
© 
photo: 
galerie 
ceysson 
& 
bénétière 
/ 
© 
studio 
rémi villaggi