22 museomag 02 ‘ 2020 EXPÉRIMENTATIONS EN COULEURS RETOUR AUX SOURCES: DANS L‘ATELIER D‘UN POLYCHROMEUR DU XVIIE SIÈCLE Aujourd’hui encore, l’art de la polychromie est relati- vement méconnu du grand public – dans nos régions du moins. La vision faussée de la sculpture ancienne, lessivée par le temps ou décapée suite aux canons du classicisme, en est certainement une des raisons. Par la suite, la culture de la patine sur la statuaire a longtemps favorisé un aspect lacunaire et mélangé, voire assombri des couches de finitions colorées. L’exposition d’art baroque espagnol que le MNHA présente du 24 janvier au 7 juin 2020 permettra de se faire une image plus précise d’oeuvres polychromées: le public pourra y admirer, entre autres, huit sculptures en bois de l’un des grands maîtres de cet art, Pedro de Mena y Medrano (1628-1688). L’étude technique de ces œuvres réalisée en amont par le service restauration et présentée à l’entrée de l’exposition vise à renforcer la médiation autour de ces œuvres d’art tridimensionnelles. Pour cela, la recherche s’est organisée autour de trois axes: les observations sur l’original (rendues possibles grâce aux collègues espagnols qui ont organisé une grande rétrospective de l’œuvre de l’artiste à Malaga et à Granada pendant la première moitié de l’année 2019); l’étude de la lit- térature scientifique analysant des prélèvements de couleur; et la consultation des sources de l’époque dont des traités de peinture tel que celui de Francisco Pacheco (1564–1644). THÉORIE VERSUS PRATIQUE Pour le néophyte, la lecture des couches de peintures superposées, nécessaires pour aboutir à des décors complexes, ou encore l’interprétation des coupes de polychromie et de leurs analyses, restent aussi hermé- tiques que la littérature technologique du 17e siècle. Si les matériaux sont connus et leur succession d’applica- tion documentée, la question de leur mise en œuvre reste posée. En effet, les proportions des adjuvants, leur mélange, la consistance et la manière d’appliquer la couleur peuvent entraîner des résultats complète- ment divergents. La dorure polie procure du raffinement aux mises en couleurs des sculptures. © dan schank / videoproductions.lu