14 museomag 01 ‘ 2020 LE MYSTÈRE «CASPAR BUX DE VIANDEN» ÉLUCIDÉ UNE PAIRE DE CANONS FONDUS AU LUXEMBOURG REFAIT SURFACE EN BELGIQUE À POINT NOMMÉ La gravure, incisée de façon très artisanale dans le bronze, varie d’une pièce à l’autre: M. CASPER BVX VON VIANDEN et M. CASPAR BÜX VON VIANDEN. Taillée dans le canon après la fonte, elle est manifestement d’époque. Le 26 juillet 1926, deux grands canons du 16e siècle – longueur: 1,40 m; poids: 120 et 126 kilos; calibre: 4 cm – les seuls connus d’un fondeur luxembourgeois, sont déterrés à seulement 1,50 m de profondeur dans le puits du château de Brandenbourg, avec en prime une paire d’haquebutes. Véritable patrimoine national, l’en- semble mythique avait d’antan appartenu à la Baronne de Brocqueville, propriétaire du château de Birtrange (Luxembourg), avant de disparaître dans les aléas de la succession. Entre-temps, les hacquebutes, pièces d’artillerie lé- gère, ont été retrouvées enfouies dans une large malle de voyage dans le grenier du château, ornées des ini- tiales BB (Baron de Blochausen ou Baronne de Brocque- ville). Le M3E a pu les acquérir fortuitement en mars 2019 dans le cadre des préparatifs de l’actuelle exposi- tion. Elles sont datées de 1525 et proviennent d’Amiens, où une soixantaine d’hacquebutes a été fondue cette année-là. «Quant à la paire de canons de style Renaissance qui ne sont pas (encore) réapparus, nous ne disposons que de photos anciennes». Voilà ce que nous avions écrit dans le catalogue Et wor emol e Kanonéier. L’artillerie au Luxembourg, édité par le MNHA/M3E à l’occasion de l’ouverture de l’exposition éponyme en juin 2019. Nous ignorions alors à quel point la chance allait nous sourire... À peine l’exposition au Musée Dräi Eechelen s’est-elle ouverte qu’un mystérieux collectionneur privé – qui plus est de Belgique – se manifesta sous prétexte d’avoir acquis assez récemment la paire de canons de Caspar Bux de Vianden! DEUX BUX DANS UN ÉTAT CANON Suite à un échange d’informations, nous avons fina- lement pu documenter ces canons en vadrouille puis les géolocaliser à quelques centaines de kilomètres de Luxembourg. Quelle joie pour notre équipe de les retrouver enfin dans un parfait état de conservation, bichonnés par ce collectionneur qui s’est avéré un véritable amateur de grosses pièces. Le doute a ainsi pu être levé sur la datation des ins- criptions. Selon les anciennes photos à notre disposi- © tom lucas