8 museomag 03 ‘ 2018 L'un des premiers portraits que l’on découvre dans l’exposition est celui de Charles Quint. Au droit de la médaille, le buste de l’em- pereur est entouré d’une légende de facture toute classique: IMP(erator) CAES(ar) CAROLVS V AVG(ustus). © éric chenal En un temps où les hommes politiques communiquent à coups de tweets simplistes, où la grossièreté et l’inculture semblent être les plus sûrs moyens de vous propulser à la tête d’une des premières puissances mondiales, on peine à se souvenir qu’à certaines époques, les grands de ce monde allaient puiser dans la mythologie et la littérature antique les thèmes de leur communication politique. C’est dans la plus emblématique de ces époques où se mariaient pouvoir et culture – la Renaissance – que nous plonge l’exposition Amis / Ennemis. Mansfeld et le revers de la médaille qui se tient actuellement au M3E. À travers des dizaines de médailles, de livres anciens et d’estampes, nous découvrons une galerie de figures – souverains, hommes de guerre, ecclésiastiques et humanistes – qui ont écrit l’histoire des Pays-Bas méridionaux au XVIe siècle, entre Bruxelles et Luxembourg. Sur les médailles réalisées par les plus grands artistes du temps, qui entendaient rivaliser avec le prestige des monnaies impériales romaines, les portraits de ces personnages sont accompagnés d’inscriptions, le plus souvent en latin, qui détaillent leurs titres, rappellent leurs exploits ou exaltent leurs vertus par des devises inspirées, ou reprises textuellement, des grands auteurs de l’Antiquité. À tout seigneur, tout honneur: l’un des premiers portraits que l’on découvre dans l’exposition est celui de Charles Quint. Au droit de la médaille, le buste de l’empereur – couronné de laurier, à l’antique – est entouré d’une légende de facture toute classique: IMP(erator) CAES(ar) CAROLVS V AVG(ustus). Littéralement: «l’empereur César Charles Quint Auguste». Par ces quelques mots, le maître de «l’empire où le soleil ne se couche jamais» était présenté comme le successeur des empereurs romains, qui portaient entre autres noms ceux d’Imperator et d’Augustus. Si l’on retourne la médaille, on découvre au revers une fascinante scène de gigantomachie: Zeus foudroie les Géants qui tentent de gravir l’Olympe. Les mots qui accompagnent la composition sont empruntés au poète Virgile: Discite iustitiam moniti («Apprenez à être justes: vous voici avertis»). Dans l’Énéide, ces paroles sont lancées par un roi retenu prisonnier aux Enfers pour expier son impiété. Dans le contexte des guerres de religion du XVIe siècle, la citation virgilienne devient un avertissement aux protestants qui, tels les orgueilleux #IMP #CAES #CAROLVS_V #AVG REGARD CONTEMPORAIN SUR LA RÉCEPTION DES LETTRES LATINES À LA RENAISSANCE DANS LE CADRE DE L’EXPOSITION «AMIS/ENNEMIS»