35 04 ‘ 2017 museomag exposition temporaire le traité de tordesillas et la découVerte officieuse du brésil Le traité d’Alcáçovas a pour but de rétablir la paix entre les deux couronnes. Par ailleurs, il vient mettre de l’ordre dans les récentes découvertes disputées dans l’Atlantique: le Portugal maintient différents ports africains et les îles de Madère et des Açores. En contrepartie, l’Espagne reçoit les Canaries. Mais il ne s’arrête pas aux îles déjà découvertes, il inclut ce qui reste à découvrir. C’est bien la raison pour laquelle l’ambassadeur du Portugal en Espagne est envoyé fin avril 1493, avant même que Colomb ne soit rentré en Andalousie, pour réclamer les terres découvertes. S’impose donc un nouveau traité plus clair cette fois- ci. L’idée du traité de Tordesillas est née. Cependant, comment délimiter des terres encore inconnues? On sait aujourd’hui qu’il y a eu une reconnaissance du sud du continent américain avant la découverte officielle du Brésil par Pedro Alvares Cabral (1467-1520) en 1500. Mais à quel moment? Duarte Pacheco Pereira n’est pas un simple mathématicien travaillant pour la couronne portugaise, mais un homme d’action doublé de talent mathématique et fin stratège. Ainsi, il n’est pas à exclure que le Roi du Portugal lui ait demandé une reconnaissance secrète des terres qui seront connues comme le Brésil. Cependant, nous n’en avons aucune source documentaire et nous ne pouvons savoir de façon certaine si elle aura eu lieu avant ou après le traité de Tordesillas. Ce qui est clair, c’est que Duarte Pacheco Pereira sera un des signataires de ce traité en 1494, le premier du genre, dans la mesure où il est le premier traité politique basé sur des idées scientifiques et qu’il signera l’œuvre faisant la première mention du Brésil avec cet étrange opuscule intitulé: Esmeralda, de situ orbis. Il y présente dans le premier livre une description assez précise du littoral américain, où il dit avoir été en 1498 (sic!), donc deux ans avant la découverte officielle du Brésil par Alvaro Cabral. Le traité de Tordesillas prévoit que les 370 lieues de l’Atlantique, en partant de l’île de S. Antão au Cap-Vert vers l’ouest, restent en main portugaise. L’autre moitié du globe appartiendrait alors à l’Espagne. Cela permet aux Portugais de garder une grande partie du Brésil. Une chance calculée? Discutons-en ensemble le 12 octobre à l’occasion d’un exposé public. Christophe Marinheiro «La découverte des Amériques – Entre exploit scientifique et catastrophe morale»: dernière conférence publique organisée dans le cadre de l’exposition temporaire Portugal – Drawing the world le jeudi 12 octobre à 18h30, par Christophe Marinheiro (en français; entrée libre).